Portrait du scientifique en rebelle
de Freeman J. Dyson

critiqué par Colen8, le 8 mars 2016
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Allier l’excellence à l’anticonformisme
Britannique naturalisé américain, grand mathématicien ayant acquis une gloire mondiale pour avoir contribué à la théorie de l’électrodynamique quantique dans les années 50’s et en même temps grand amateur de poésie il a longtemps enseigné à Princeton. A près de 90 ans il rassemble ici une trentaine de chroniques publiées au fil du temps dans la « New-York Review of Books ». Ce sont des réflexions sur la science, des témoignages et des notices biographiques sur les hommes de passion qui contribuent à la faire progresser, des anecdotes diverses recueillies au cours de sa longue carrière. La science est neutre, ce sont les hommes qui lui donnent un sens positif ou négatif selon les circonstances. Il révèle tout en leur ménageant admiration et bienveillance des facettes peu connues sur les plus grands noms de la physique et des mathématiques, Newton et son goût pour l’alchimie, Einstein resté dubitatif devant la mécanique quantique, Oppenheimer le poète qui mit son talent au service du projet Manhattan, Wiener ancien enfant prodige rendu célèbre par la cybernétique, Rutherford l’immigré néo-zélandais, Feynman le conteur dont il fut l’élève, Charpak son élève des cours d’été aux Houches, et quelques autres.
Sensible aux risques encourus par l’humanité il s’exprime tantôt sur le changement climatique pour souligner les incertitudes régissant la biosphère, tantôt sur la prolifération des armements nucléaires pendant la période de la guerre froide. Les dérives possibles du génie génétique ne lui sont pas indifférentes. Freeman Dyson ne cache pas sa préférence pour ceux qui exercent leur liberté de penser en allant à l’encontre des idées reçues, ceux-là précisément à qui l’on doit le plus de révolutions scientifiques. Il se tient là non seulement en historien des sciences, mais aussi en philosophe et en moraliste.