Le temps des noyaux de Arthur Dony, Claude Raucy

Le temps des noyaux de Arthur Dony, Claude Raucy

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Ddh, le 29 février 2016 (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 82 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 905ème position).
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de la cerise juteuse au noyau qu'on rejette ?

Le temps des cerises baigne dans un halo de vie douce, juteuse et gouleyante, mais arrive le temps des noyaux, durs, à rejeter ?
Les auteurs sont belges. Le dinantais Aurélien Dony se distingue principalement dans la poésie où il a obtenu le Prix Georges Lockem avec Puisque l’aube est défaite ; le virtonais Claude Raucy a écrit de nombreux romans.
1918, on aspire à la fin de la guerre dans ce coin de Wallonie, au milieu des bois, mais non épargné par le malheur qu’a engendré le conflit mondial. Julien, handicapé du pied, a échappé au service militaire et travaille dans la ferme familiale avec sa mère Marie. Elvire, la grand-mère, trône dans son fauteuil. Pas d’effusions de tendresse : Emile, le frère de Julien, est mort, au début de la guerre, dans l’explosion du fort de Loncin ; Désiré, le père, est quelque part sur le front, mais les nouvelles ne sont qu’épisodiques. L’arrivée de Franz dans la grange perturbe la vie à la ferme.
La verve poétique des auteurs sublime l’évocation de la faune et la flore. Elle est l’arrière-fond tendre face à l’âpreté des personnages confrontés à la rudesse de la vie en temps de guerre.

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Un printemps en temps de guerre

8 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 8 février 2017

Franz est un déserteur allemand et Julien, le seul homme de la ferme des Loizeau après le départ du père pour l’Allemagne et le décès au début de la guerre du frère aîné. Julien aide aux travaux avec sa mère et sa grand-mère. L’Allemand trouve à se réfugier dans la ferme familiale et se lie d'amitié avec le Belge.
Les deux jeunes hommes ne prennent pas vraiment la mesure de la guerre malgré les malheurs qu’ils ont déjà traversés : leur force de vie leur masque la réalité car elle est plus puissante que les événements dans lesquels ils sont plongés comme une anomalie, une insulte à leur fougue, à leur besoin de découverte, de liberté et d’évasion.

Cela se passe en avril 1918 et donc peu de mois avant la fin de la Première Guerre mondiale. C’est un printemps encore timide, un printemps qui chante faux, un printemps forcément moche. Où le soleil ne voulait rien savoir du chant des mitraillettes.

Les jeunes hommes partagent un même goût pour la chair des cerises et Julien, lui, est fasciné par un héron qu’il va admirer sur son lieu de vie. Plus tard, quand le temps des noyaux aura remplacé le temps des cerises, dans ce même endroit, la figure de son ami, presque son héros (voire son Eros), se substituera lors de retrouvailles à celle du palmipède.
Le récit de cette rencontre par temps de guerre est narré avec une belle sensibilité par nos deux auteurs que plus d’un demi-siècle sépare (et ce n’est pas la moindre qualité de cet ouvrage que cette réunion, fruit déjà d'une vieille complicité, d’un écrivain confirmé avec un écrivain plus que prometteur dont les écritures se sont ici fondues.

Avec tact, ils nous content une histoire d’amitié et d’amour insolite en un temps où les conventions et la religion imposaient leur loi.

Le récit est encadré par deux chansons qui vont par leur thème commun rythmer l’action: le temps des cerises puis le temps des noyaux.

La fin du récit, comme un pied-de-nez, aux hommes et à la guerre, ne prête pas le flanc à la morale mais à la funeste drôlerie de l’existence qui constitue une forme de liberté opposée à toutes les forces en jeu dans le monde des hommes.

Un beau roman (son premier pour Dony, son trente-sixième pour Raucy) à lire, de préférence, au printemps. Ne tardez donc pas pour croquer les cerises douces amères de ce roman!

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