Combats
de Daniel Goossens

critiqué par Blue Boy, le 20 février 2016
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Combats extraordinaires
Si Goossens avait eu un grand-père dans le cinéma, il aurait pu s’appeler Jacques Tati. Si son Combats n’a pas obtenu de prix à Angoulême, il demeure une des perles humoristiques de l’an dernier avec ses sketches aussi lunaires qu’improbables.

Le côté battant du créateur de « l’Encyclopédie des bébés » n’a jamais vraiment sauté aux yeux. Désormais, avec cet album au titre percutant c’est chose faite. Il faut aussi admirer cette couverture tout en élégance et en glamour, en mode slip kangourou qui en a sous le capot…

Ce nouveau recueil d’histoires courtes, avec ou sans Georges et Louis, cet encombrant mais ô combien incontournable duo alter e-Goossenien, nous emmène une fois de plus aux confins de l’Humour absurdien, une drôle de galaxie où l’auteur de cet objet à peine identifiable semble avoir dérivé trop longtemps… D’ailleurs, lorsqu’on a refermé le livre, on n’a pas vraiment compris où résidaient les fameux « combats » du titre, à moins que cela ne soit qu’une allusion à l’effort désespérément vain de Goossens de s’en tenir à un scénario cohérent se concluant sur une chute digne de ce nom…

Et pourtant, il est difficile de résister à cet humour tout en flegme. Le rire surgit au détour d’une case sans qu’on s’y attende, à la vue d’un détail parfois insignifiant qui se dilate soudainement dès qu’on le fixe et finit par exploser en mille éclats de lune (car rappelons-le, Daniel Goossens pratique un humour lunaire capable de propulser le lecteur sur une orbite où il pourra se gausser en contemplant une insignifiante humanité se prenant pour ce qu’elle n’est pas). Avec toujours ce dessin réaliste aux visages grotesques et pleurnichards, souvent crispés à force de ne pas vouloir affronter la vérité tragique de leur destin dérisoire.

Certes, Goossens fait toujours du Goossens mais il le fait bien, parvenant toujours à nous surprendre tant son humour est en décalage et ses gags inattendus. Cela pourra en dérouter certains mais une fois appréhendé l’univers délirant de notre chercheur fou, on devient éternellement inconditionnel. Ce "Combats" comporte même un invité surprise en la personne d’Edika, frère d’armes fluidien et double de l’auteur, version potache et gros nénés.