Clark et les autres
de Stéphane Bertrand

critiqué par Libris québécis, le 20 février 2016
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Un bar miteux de Montréal
Devant le square Saint-Louis à Montréal s’élève Le Clap, un cabaret miteux que dirige Clark O’Brien, un homme au cœur d’or. Il y produit une chanteuse décalée, d’origine européenne, mais il sent que le moment est venu de régénérer sa boîte.

D’abord, il en améliore le look en réparant les tables bancales, en vernissant le plancher de la scène en demi-lune et en accrochant, à l’entrée, un laminé représentant un étalon chevauchant une jument. Les goûts douteux du patron n’échappent pas à ses employés : Yvan, un maçon recyclé en barman et en homme à tout faire, et Poupart, narrateur du roman et régisseur de l’unique spot. En plus, il confie à Paul, un conteur, le soin d’attirer une clientèle plus jeune, sans se départir de sa vedette pour qui il éprouve un amour larvé. Cette dernière partage la première partie du spectacle avec le nouveau venu, qui, en peu de temps, remplit la salle avec les étudiants de l’Université du Québec, située à proximité.

On pourrait croire que la bande est heureuse de constater le succès retentissant du Clap. Mais Stéphane Bertrand n’a pas eu l’intention de décrire ce que devrait être le meilleur des mondes. Il a mis du sable dans l’engrenage. Le danger ne tarde pas à planer sur cette conviviale équipée. D’où vient-il ? D’un certain Patof, ancien petit ami de Jeanie, la conjointe enceinte du conteur, qui fut embauchée comme serveuse par Clark. Tous l’attendent avec appréhension depuis qu’il a signalé par téléphone son arrivée à Montréal pour récupérer son butin. Le matamore de la Côte-Nord n’a pas le sens de la métaphore raffinée.

Sans être le roman de la décennie, Clark et les autres est une œuvre jouissive et bien ficelée. Les personnages sont merveilleusement campés, et la facture rend bien la complicité qui les unit. En somme, l’auteur a trouvé le ton pour rendre crédible cette histoire abracadabrante. Des rebondissements judicieux soutiennent l’intérêt presque jusqu’à la toute fin. Malheureusement, le double dénouement, trop estudiantin, vient gâter la sauce de cette longue nouvelle, mais pas suffisamment pour rendre le plat indigeste.