Palmyre, l'irremplacable trésor
de Paul Veyne

critiqué par Veneziano, le 20 février 2016
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Une Rome orientale disparue
Palmyre fit partie de Rome, tout en Orient qu'elle fût, avec une palette impressionnante d'influences, araméenne, grecque, arabe, un peu latine par la force des choses. Les Divinités et les sources culturelles étaient multiples. L'aménagement urbain dans l'Antiquité en plein désert a suscité intrigue, convoitise, ainsi qu'un rempart, face à la menace perse, toute proche. Le Temple de Bêl fut le phare architectural de cette civilisation un peu à part au sein de l'Empire romain (Empire au sens institutionnel, agrégat de plusieurs peuples dans un même Etat, très étendu).
Et c'est cette culture métissée que Daesh a éliminée, alors qu'elle dit beaucoup de nous, de notre diversité, et c'est bien ce qui fait peur à ces obscurantistes.

Ce petit livre présente l'histoire générale et les trésors présents dans ce site hors normes, désormais disparu. Un petit livret de photographies, parfois aériennes, donnent une idée de ce patrimoine perdu, alors qu'il était classé par l'UNESCO.
Cet antiquisant réputé (j'ai appris ce terme grâce à lui) élabore un devoir de mémoire, aussi court que didactique et indispensable. Ce petit livre est à conseiller vivement.

Je retiens particulièrement sa conclusion : "Oui, décidément, ne connaître, ne vouloir connaître qu'une seule culture, la sienne, c'est se condamner à vivre sous un éteignoir."
Une histoire plurimillénaire 10 étoiles

La cité continue à vivre dans ce récit comme si on y était. Construite au cœur d’une vaste oasis dans le désert syrien plus de mille ans avant notre ère, elle a été aux marches de la civilisation grecque dont elle parlait la langue en même temps que l’araméen, en bordure de la Perse menaçante, soumise à l’empire romain mais non conquise. Cette ville marchande vivant des échanges entre l’Orient et l’Occident en a assimilé toutes les influences sur un mode original et unique au monde. Les quelques familles dominantes affichaient leur richesse par des temples et cette longue allée de colonnades maintenant dévastés qui en faisaient la signature.
C’est un témoignage sobre, émouvant, parfois drôle écrit presque comme un reportage. Il est livré par un très fin connaisseur de la période antique à laquelle il a consacré sa carrière de chercheur et d’enseignant. La Syrie a ensuite été parmi les premières terres chrétiennes avant d’être progressivement arabisée, puis islamisée. On a assisté en direct à la suite par médias interposés, hélas.

Colen8 - - 82 ans - 3 avril 2016


Un petit joyau 10 étoiles

Parce que lire ce petit livre est un acte de résistance contre la barbarie et l'obscurantisme, parce qu'il est une réponse intelligente et lumineuse, et un bel hommage à un ami. Touchant, érudit, facile d'accès, j'ai envie de dire merci M.Veyne pour votre humanité et ouverture d'esprit. J'ai découvert là un riche passé quelque part en Orient, celui d'un Empire pas comme les autres qu'incarnait la reine Zenobie.
Quel peuple, riche en diversité et tolérance où tous les dieux coexistaient... Palmyre ou la route de la soie, de l'encens aux confins de l'Asie , petit joyau qui avait gardé son authenticité et s'était développé grâce à l' intelligence de son peuple, avant d'être vaincu par les légions romaines d'Aurélien.

S'il fallait retenir une phrase, ce serait celle-ci, que je trouve puissante :
"les civilisations n'ont pas de patrie et ont toujours ignoré les frontières politiques, religieuses ou culturelles qui séparent les troupeaux humains .... S'hélléniser , c'etait rester soi-même tout en devenant soi-même.; c'était se moderniser."
Merci Monsieur.

Anonyme12 - - 14 ans - 21 février 2016