L'impact des TIC dans les processus migratoires féminins en Afrique Centrale
de Thomas Essono, Brice Arsène Mankou

critiqué par CHALOT, le 19 février 2016
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
un document argumenté
« l’impact des TIC
Dans les processus migratoires féminins
En Afrique centrale »
Livre collectif sous la direction de
Brice Arsène Mankou et de Thomas Essono
Editions l’Harmatan
Janvier 2016

Changer de vie avec Internet !

Il est difficile d’éditer les actes d’un colloque.
Il s’agit de transformer des interventions orales en textes écrits, ce qui peut conduire à des répétitions dommageables.
Les initiateurs du colloque ont pris le risque et le résultat obtenu est à la hauteur des enjeux même si le dernier chapitre aurait mérité d’être relu attentivement par un correcteur.
Le lecteur saisit assez rapidement les motivations de ces femmes à la recherche de leur blanc.
Elles veulent à la fois fuir leur présent, c’est-à-dire les difficultés économiques et sociales et à la fois maintenir un lien fort avec leurs familles restées au pays.
Les différentes contributeurs nous entraînent dans ces cybercafés et nous font découvrir ce « sport national » assez bien structuré.
Au bout de la quête, il n’y a pas toujours le prince charmant, âgé par ailleurs ….
La déconvenue est parfois au bout du clavier quand a lieu la rencontre et surtout le début de vie commune.
Brice Arsène Mankou qui avait déjà fait paraître une étude sur « la cybermigration des femmes camerounaises, la quête des conjoints blancs », complète ici son propos à l’aide de nouveaux témoignages.
Il montre que les migrations féminines évoluent. Alors qu’il y a peu, les camerounaises émigraient dans le cadre du regroupement familial, elles migrent aujourd’hui d’une manière autonome aves souvent le soutien familial grâce aux réseaux numériques et aux médiatrices installées en Europe.
« Les femmes migrantes sont des migrantes constamment connectées. Elles sont comme le souligne Ernest Mbonda, des « cosmo citoyennes ».
Comme le précise dans un autre chapitre, Pierre-François Edongo Ntede :
« La migration maritale ou la mobilité matrimoniale est au service de l’intérêt collectif des familles restées au pays »
En cas de réussite, la femme devenue européenne peut aider la famille restée au pays à mieux vivre et à acquérir des biens ou participer au développement économique local dans tel village ou tel quartier de ville.
Cette étude africaine qui lève le voile sur une partie de la mondialisation des échanges se termine par des interrogations légitimes comme celle-ci :
Comment comprendre que de nombreuses femmes estiment ne plus être en sécurité dans ce Cameroun pourtant considéré comme « un havre de paix » ?

Jean-François Chalot