hawthorne
de Henry James

critiqué par SpaceCadet, le 16 février 2016
(Ici ou Là - - ans)


La note:  étoiles
Un livre, deux écrivains
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre d'un essai écrit par un auteur généralement connu pour ses romans et nouvelles, mais dès les premières phrases, j'ai vite compris que cette lecture, ne serait-ce que pour la qualité de l'écriture ou encore en raison de la double perspective qu'elle révèle, allait constituer un pur délice.

Lorsqu'il publie cet ouvrage, quinze ans après la mort de Nathaniel Hawthorne, Henry James a déjà le premier tiers de son œuvre sous le bras. A trente-six ans, c'est un homme cultivé jouissant d'une solide réputation dans les milieux littéraires, sinon en société.

Grâce à une prose habilement tournée on se laisse aisément entraîner dans le sillage d'un Henry James que l'on découvre ici en homme du monde exposant ses vues depuis un quelconque salon littéraire Londonien. Le ton est parfois confidentiel, d'autres fois condescendant et reflète assez nettement la position adoptée par l'auteur qui, en tant que bourgeois étatsunien et homme de lettres expatrié à Londres, s'emploie à susciter l'intérêt d'un lectorat britannique pour un sujet émanant de son lointain et jeune pays d'origine.

S'appuyant sur les carnets personnels de Nathaniel Hawthorne, sur une biographie rédigée par George Lathrop (poète et beau-fils de N.H.), ainsi que sur sa connaissance approfondie de l'œuvre, Henry James retrace les étapes et événements importants de la vie d'Hawthorne, le contexte social et politique dans lequel il a évolué, ainsi que les traits de sa personnalité qui ont participé à l'élaboration de l'œuvre que l'on connaît. Il est cependant regrettable que James se soit si peu attaché à décrire le paysage littéraire dans lequel elle s'inscrit.

Au long de cet essai, outre le sujet étudié, Henry James nous révèle donc ses points de vues sur la littérature, sur la politique et sur l'évolution de la nation étatsunienne (certains commentaires n'ont d'ailleurs pas manqué de heurter les sensibilités de ses compatriotes). Au surplus, il connaît bien son sujet (Nathaniel Hawthorne ayant été une source d'inspiration au début de sa carrière), il maîtrise ses outils (étant lui-même écrivain) et il possède suffisamment de proximité et de distance par rapport au sujet pour être en mesure de nous offrir un portrait juste quoique nettement adapté au public visé.

On découvre en Hawthorne un homme solitaire, retiré (voire casanier) et un écrivain dont l'attention est essentiellement tournée vers la morale et la conscience de l'homme. Diverses citations réaffirment ce que l'on aura pressenti à la lecture de ses romans et nouvelles, notamment, un sens de l'observation créatif, un humour irrésistible, l'attrait que la nature exerce sur lui, ainsi qu'une certaine impatience envers ses semblables.

Si James exhibe un grand respect pour l'homme ainsi qu'une sincère admiration pour ses qualités d'écrivain, il ne manque cependant pas de souligner ses faiblesses tant et si bien qu'en dépit d'un caractère quelque peu subjectif, cet essai rend assez bien justice à l'écrivain et contribue agréablement à l'appréciation de son œuvre.


N.B. Lu en version originale de langue anglaise.