La tyrannie du choix
de Renata Salecl

critiqué par Colen8, le 28 janvier 2016
( - 82 ans)


La note:  étoiles
L’argent ne fait toujours pas le bonheur
Déjà au XIVe siècle la fable de l’âne de Buridan soulignait la difficulté du choix. C’est ce que montre à nouveau cet essai d’une philosophe et psychanalyste slovène, en allant plus loin dans l’observation des sociétés anglo-saxonnes. Sous couvert de liberté les gens ont renoncé à une forme de déterminisme religieux, professionnel ou social qui les aidait à vivre sans trop se poser de questions. Le capitalisme tardif aurait aggravé la situation. L’éventail toujours plus ouvert des choix de vie, de consommation, de divertissements parfois dangereux, de mobilité, offerts à ceux qui en ont les moyens entendons-nous bien, est loin de leur apporter le bonheur. Le choix en faisant naître la peur d’avoir manqué autre chose de plus gratifiant est source d’angoisse. Alors, d’une part il fait la fortune des conseillers en tous genres jusqu’aux pires charlatans, de l’autre il occulte chez l’individu l’aptitude à la critique sociale. On lui fait croire qu’il est maître de son destin, de son identité, de son genre, de ses goûts alors qu’il n’en est rien. Conditionné par la publicité, par les modes, par l’exemple des stars avec leurs paillettes il vit l’éphémère y compris dans ses relations amoureuses. Sauf à se restreindre volontairement, il ne peut que vivre une frustration permanente et plonger dans un cercle infernal qui entretient la souffrance.