La guerre commence au-delà de la mer
de Ryū Murakami

critiqué par Duncan, le 23 février 2004
(Liège - 42 ans)


La note:  étoiles
Bien dans le style...
Du Murakami pur jus ! ( si j'ose dire )

Sur une plage une jeune femme et un ejune homme aperçoivent une ville étrange au-delà de la mer... Une ville où tout n'est que déchéance, mort, violence, détritus, drogue et saletés...

Ryu poursuit ici la "fresque d'une génération" qu'il a commencée avec "Bleu presque transparent": le roman d'une génération perdue, déboussolée dans une société qui part en morceaux !

Et rien ne nous est épargné dans celui-ci ! On sentirait presque l'odeur de la décherge ou ces enfants recherchent des noyaux de pêche... ou le sang de ce poisson mystérieux qui se répend partout comme les rats dans "La peste" de Camus.

Pour autant, j'ai été moins séduit que d'habitude... l'effet de surprise manque un peu sans doute. Reste eque comme d'habitude, le rythme est enlevé et soutenu... mais rien à faire, j'ai un arrière goût de "pas assez" en refermant ce livre... On dirait qu'il surfe sur la vague, se laisse porter par le courant... Rien à faire, Miso Soup est toujours son roman que je préfère, plus inquiétant ( et plus immoral aussi ! )

Je mets donc une appréciation légèrement inférieure à mon habitude.
Au delà du roman 8 étoiles

Certains éditeurs présentent cet ouvrage comme la suite de Bleu presque transparent en reprenant les même thèmes. Je ne trouve pas.

On pourrait découper ce roman en quelques nouvelles car à nouveau il n’y a pas de fil conducteur précis. Les mots ne sont pas là pour révéler le talent de l’écrivain, ni pour raconter une histoire charmante ou pleine de suspens, ni pour distraire le lecteur, ni pour argumenter une thèse, ni pour proposer une solution. Rien de tout ça.

En parallèle deux histoires : celle d’un jeune couple qui se découvre au bord de mer et observe l’horizon, un horizon qui, dans la deuxième histoire, est le reflet de la vision de notre monde actuel par Ryu, en pire. Un monde sans espoir, gouverné par les pires tyrans, désolation de peuples, de la nature, des optimistes, destruction active de l’humanité est de ce qui fait sa grandeur : le progrès.

” Lorsqu’on mélange brutalement toutes les couleurs de la palette, quelles qu’elles soient, on finit par obtenir un vert grisâtre que l’on ne peut plus dépasser : les yeux incertains de l’homme sont exactement de cette couleur. »

La palette littéraire de Murakami est quand à elle bien riche, comme le prouve le récit de cette guerre au-delà de la mer ; au delà de la mer, mais pourtant en chacun de nous.

Elya - Savoie - 34 ans - 1 septembre 2009