Le deuxième voeu
de Ramón Díaz Eterovic

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 27 décembre 2015
(Montréal - 54 ans)


La note:  étoiles
Pulp chilien
Douzième titre de la série, cet opus met en parallèle deux enquêtes. Le vieux détective Heredia est embauché pour retrouver un vieillard et en même temps il tente d’exaucer le deuxième vœu de sa mère décédée, ce qui l’amène à rechercher son père inconnu. Il n’y a pas ici de grand suspense ou de meurtres crapuleux. Le roman emprunte l’emballage du roman « hardboiled » américain mais s’apparente plutôt au polar social.

Heredia est dépeint comme un privé typique. Un vieux garçon solitaire entouré de femmes fascinées par son charme discret. La seule fantaisie que l’auteur s’offre est de faire parler son chat – Simenon – qui agit alors comme la conscience du détective. Le style est simple et axé sur les dialogues.

Même si il s’agit d’un roman noir tranquille, j’ai été facilement happé par cet univers parce que les personnages sont authentiques. Le rythme lent permet également au lecteur de respirer et s’attacher à cet enquêteur humain. Un bouquin un peu vieux jeu, mais néanmoins fort agréable.
Bonne découverte 7 étoiles

Heredia est heureux quand Julio Servilo lui demande d'enquêter afin de retrouver son père. Ce ne sont pas les affaires qui croulaient pour ce détective privé. En même temps, il reçoit une vieille lettre de sa défunte mère qui le pousse à retrouver son père, un boxeur.
Ce n'est pas la première aventure De Heredia, j'ai eu un peu de mal à me retrouver dans ses diverses connaissances. Mais l'homme a l'air assez charmeur et aime bien boire un coup ou deux (ou plus). Les enquêtes sur les deux pères avancent en parallèle et Diaz Eterovic fait découvrir le côté noir des maisons de retraite. C'est bien un des côtés captivants de ce livre, s'intéresser aux personnes du troisième âge et montrer les difficultés que celles-ci peuvent avoir. La progression des enquêtes proprement dite, l'interrogation des personnes… m'ont moins passionnée. Par contre, j'ai beaucoup aimé la relation originale qu'il a avec son chat, Simenon (belles réparties) ou l'humour caustique du détective. Une bonne découverte de cet auteur chilien, à relire, à l'occasion.

Shan_Ze - Lyon - 40 ans - 23 octobre 2016


Nestor Burma au Chili 7 étoiles

Nestor Burma = Heredia, au Chili.
Heredia, la cinquantaine, détective privé un peu déglingué, n’est pas au mieux de sa forme. Il parle surtout avec Simenon – Simenon c’est son chat (syndrome Burma !) - ne sait pas trop s’il aura de quoi se payer à manger, et à boire, le lendemain, et il a une vie affective à l’unisson, déglinguée. Du classique en matière de privé.
Et voilà que se pointe Julio Servilo :

« J’étais en train d’écouter la quatrième symphonie de Mahler, quand j’ai vu entrer un homme petit, aux cheveux blancs et au dos voûté, qui disait s’appeler Julio Servilo.
- Vous êtes le détective Heredia ? m’a-t-il demandé en observant le désordre de la pièce.
- Ne faites pas attention à ce capharnaüm. Le majordome a pris une année sabbatique.
- On m’a dit que vous étiez très efficace dans la recherche de personnes.
- Il m’arrive d’en retrouver, mais pas toujours. Quel est votre problème ?
- Je voudrais retrouver mon père. »

« Je voudrais retrouver mon père. » Comme c’est étonnant ? Justement, Heredia se pose des questions sur le sien de père, qu’il n’a jamais connu, d’autant qu’il reçoit au même moment une demande posthume de sa mère sous la forme d’une photo où figure celui qui manifestement fut son père et qui disparut lorsque sa mère était encore enceinte. Le deuxième vœu, c’est celui de sa mère, et il va s’agir de retrouver son père ou de découvrir ce qui lui est arrivé.
Deux enquêtes menées de front ; la recherche du père de Julio Servilo et du sien. Et bonjour le monde des maisons de retraite, si possible glauques.
Les péripéties et l’histoire sont plaisantes. L’intérêt reste soutenu. On en sait un peu plus sur ce monde lointain qu’est le Chili (et qui ne parait pas si différent du nôtre, au moins pour ce qu’il s’agit de Santiago). Pour autant un bémol ; les dialogues à la sauce Ramon Diaz – Eterovic, on (je) n’y croit pas un instant. Ca n’a rien de naturel, c’est totalement improbable et c’est dommage car le roman est d’intérêt.

Tistou - - 67 ans - 11 octobre 2016


Sympathique jeu de piste 8 étoiles

Heredia, célibataire, privé de 50 ans, traverse une période de vaches maigres quand il est contacté par Julio Servilo qui veut retrouver son père avec lequel il est fâché depuis 30 ans.
"Je préférais observer les choses qui se passaient à côté de moi. "inspecteur des âmes", "fouineur malgré lui" étaient les professions que j’aurais dû inscrire sur ma carte de visite."
Cette requête ne manque pas de faire écho à l'absence de son propre père, disparu alors que sa maman était enceinte.
Ce sera l'occasion de partir sur les traces de ces deux vieillards, avec de bien maigres indices et sans même savoir s'ils sont encore en vie.
Heredia va parcourir le Chili et surtout les maisons de retraite de Santiago, preuve s'il en était besoin que la nature humaine est souvent bien sombre.
Aidé, soutenu et aiguillé par son ami, fantasque et sympathique vendeur de journaux Anselmo et bien sûr éclairé par Simenon, son chat ! Personnage d'une grande sagesse, entretenant de passionnants dialogues avec Heredia.
"Tu as le moral qui boite."
Un héros sympathiquement humain, un inspecteur Colombo chilien, consciencieux, scrupuleux mais capable de traverser hors des clous s'il le faut.
Une quête de pères, comme un vrai jeu de piste, le fil tiré d'une pelote, qui permet de se rapprocher lentement du dénouement final.
Un roman tendre et sympathique, plaisant, loin des thrillers sanguinolents.

Marvic - Normandie - 65 ans - 10 août 2016


Ruptures familiales 8 étoiles

Ne connaissant pas les livres précédents de la série, et notamment le détective Heredia, je craignais d'être un peu perdue à la lecture de ce titre. Crainte non justifiée, puisque je me suis rapidement plongée dans l'histoire. Le détective atypique est drôle et plaisant, les deux intrigues se démêlent successivement, et l'ensemble offre une lecture agréable. Deux histoires de ruptures familiales qui ne manquent pas de peser sur le sort de ces fils.

A retenir, Simenon, le chat d'Heredia, un chat unique en son genre qui sait se faire entendre !

Nathafi - SAINT-SOUPLET - 57 ans - 28 mai 2016


Au nom du père 8 étoiles

Le détective privé Heredia a une nouvelle affaire, assez inespérée au vu du peu de clients qui trouvent le chemin de son bureau. Cette nouvelle affaire consiste à retrouver le père de son client, sachant que les deux hommes étaient fâchés depuis des décennies, leurs opinions politiques s'opposant violemment. Vivant depuis des années en Europe, le fils prodigue souhaite renouer des liens avant qu'il ne soit trop tard, une carte postale du père l'ayant rappelé à son bon souvenir.
C'est l'occasion pour Heredia, élevé dans un orphelinat après la mort de sa mère, de se pencher sur ses propres origines, et surtout de réaliser le deuxième vœu de sa mère, qu'elle avait confié à l'une de ses amies : retrouver l'homme qu'elle avait aimé, retrouver le père de Heredia.

Le deuxième voeu est le douzième volume de la série chilienne Heredia, et le cinquième traduit en français. Malgré un passé que je ne connaissais pas, je n'ai eu aucun mal à m'attacher aux pas de ce détective que l'on dirait tout droit sorti d'un film américain des années 50, nonobstant la sonorité des noms et la chaleur décrite. Heredia est, pourrait-on dire, le stéréotype du privé tel qu'on l'imagine : solitaire, bourru, sans le sou, qui boit et vit la nuit en dormant le jour, à l'aise dans les milieux interlopes, qui n'a rien contre un peu d'action, et avec des femmes qu'on imagine belles et sexy qui lui tournent autour. Bref, un chouette portrait d'homme dont on n'hésite pas à suivre les aventures, et que l'on quitte avec un chouïa de regret : on était bien, en sa compagnie ! C'est vrai que le "petit" côté homme désabusé, rendu magistralement au travers de l'écriture de l'auteur et des dialogues entre Heredia et son ami Anselmo ou son chat Simenon (oui, le chat parle, on ne sait trop comment, mais ça passe comme une lettre à la poste !) est assez irrésistible.
Cet opus qui prend son temps pour faire la part belle à son personnage principal traite essentiellement de la filiation et de son importance dans la construction de la personne que l'on est (ça, c'est pour Heredia), et de la façon dont on traite les personnes d'un certain âge au Chili : abandonnées par leur famille, sans visite de leur part, attendant d'en finir dans un endroit où ils seront plus ou moins bien traités (ça, c'est la partie enquête). Bref, pareil qu'en France quoi (comment ça, je provoque ??) ! Et c'est justement là le hic pour Heredia : en poursuivant le père de son client, qui change de pension plus souvent que de chemises, on s'aperçoit rapidement que tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles pour ces chères têtes chenues !
Bref, le deuxième vœu est un très respectable roman policier à peine dépaysant, avec une trame narrative bien maitrisée par son auteur, des dialogues qui font mouche, un personnage principal attachant entouré de jolies femmes et d'amis prêt à tout pour l'aider (ahhhhh, ce cher Anselmo, qu'est-ce qu'il m'a fait rire avec ses déboires sentimentaux !!), que du bonheur quoi !


Pourquoi rêvons-nous de nos peurs ? Est-ce à cause de la vie que nous menons ou à cause de la mort qui nous attend ?

- Tu es seul ? a-t-elle demandé en entrant dans mon bureau.
- Non, les doutes et les factures impayées m'accompagnent.

- Tu es foutu, Anselmo. Tu parles comme un personnage de feuilleton vénézuelien.
- Ne me coupez pas les ailes, don. Je suis plus anxieux qu'un adolescent avant sa première nuit au bordel.

Le derrière de la secrétaire était un spectacle digne d'être contemplé pendant des kilomètres, il a pourtant duré moins qu'un salaire de fonctionnaire.

Ellane92 - Boulogne-Billancourt - 48 ans - 11 mars 2016