Jean Honoré Fragonard : Le Verrou
de Guillaume Faroult

critiqué par Veneziano, le 26 décembre 2015
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
L'histoire d'une oeuvre polémique
Le Verrou constitue l'oeuvre-phare d'un peintre présenté comme libertin qui s'assumait comme tel. Il représente un couple dans une chambre au lit défait, au baldaquin d’apparat, où l'homme actionne la fermeture de la porte, alors que la femme l'en empêche. Le désordre régnant dans la pièce laisse entendre la précipitation de l'action, ... et sa nature son objet-même.
Ce petit ouvrage retrace l'histoire de son acquisition et sa place dans l'oeuvre de l'artiste. Son acquisition en 1974 par le Musée du Louvre, à Paris, a fait grand bruit, le Ministre des finances, qui allait devenir Chef de l'Etat, est intervenu personnellement, alors qu'il siégeait au Louvre. Un parfum de scandale a entouré cet achat onéreux. Pierre Rosenberg, célèbre conservateur avant de siéger à l'Académie française, a pesé de son poids d'expert.

Cette oeuvre apparaît tardivement dans la carrière de l'artiste, qui s'apprête à s'achever. Elle s'inscrit dans la série de compositions de grande dimension.
Etrangement, la nature du sujet passe au second rang de ce petit livre : il semble entendu que l'érotisme et la pornographie sont l'affaire de Jean-Honoré Fragonard, comme le prolongement de l'amour galant. Ce dernier et l'érotisme ne sont pas à blâmer, la pornographie davantage, le viol et sa permissivité hautement condamnables (l'acte sexuel non consenti est juste un crime en droit pénal français, ce qui s'avère heureux).
J'en viens donc à regretter que cet ouvrage entérine le statut d'oeuvre incontournable, pour ce peintre qui mérite bien mieux que cela. Elle est parfaitement composée, et l'expertise technique ne peut pas être discutée. L'esprit du XVIIIème siècle et de Fragonard ne peuvent pas être réduits à cette audace qui reste tout de même fâcheuse. C'est bien dommage.