L'Éveil de l'Ange de Eva Delambre

L'Éveil de l'Ange de Eva Delambre

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 23 décembre 2015 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 156ème position).
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Don de soi

Si le monde de la domination, du sadomasochisme et des diverses dépendances qui peuvent exister dans les relations sexuelles, vous intrigue, vous interpelle, si vous voulez essayer de comprendre les motivations de ceux qui s’adonnent à de telles pratiques, le livre d’Eva Delambre vous indiquera quelques orientations, un chemin possible à emprunter dans les pas de l’Ange et de son Maître. Ce texte jamais vulgaire, jamais grossier, jamais trivial, tout juste sensuel, sexuel, érotique, passionné, n’est, comme l’indique son titre, qu’un « éveil », une ouverture, à une autre forme de vie, une direction à prendre pour échapper à une existence ordinaire, plate, banale, sans émotions, Il ne fait jamais l’apologie des pratiques exposées, il montre, il décrit, il expose ce que cette jeune femme peut ressentir, ce qu’elle cherche, ce qu’elle espère trouver, ce qu’elle ressent…

Solange, au nom étêté par son maître pour devenir l’Ange de cette histoire, se retrouvant sans emploi cède à la pression de sa colocataire l’incitant à répondre à une annonce lancée par un homme qu’elle croyait déjà âgé, recherchant une personne capable d’écrire ses mémoires. Elle ne s’en croit pas capable mais elle finit par répondre à cette annonce, elle reçoit une réponse favorable et est très surprise de rencontrer un homme encore jeune et surtout très séduisant. Il lui raconte alors sa vie de Maître qui soumet des jeunes femmes consentantes à la recherche de sensations nouvelles. L’Ange est très troublée par ces récits, elle a du mal à transcrire ces aventures avec ses mots, elle est émue jusque dans sa chair, elle a des frissons et peu à peu elle ressent ce que les héroïnes de ces récits ont pu éprouver. Elle succombe rapidement au charme de son employeur et éprouve de plus en plus l’envie d’être possédée comme les femmes dont elle transcrit les épreuves. Et, un soir, elle finit par sceller le collier de la soumission autour de son cou se livrant ainsi totalement à son employeur qui devient alors son Maître. Le Maître qui va la conduire lentement mais sûrement sur le chemin de la soumission, ce livre n’est que le cheminement que l’Ange doit accomplir pour éventuellement accéder à la réelle formation à la soumission. Il faudra attendre la fin du récit pour connaître le destin que le maître proposera à l’Ange et le choix que celle-ci fera.

Selon Maître Tesamo, le préfacier, « Le monde du BDSM est complexe et laisse souvent des questions sans réponse. Pourquoi certains êtres éprouvent-ils le besoin d’une mise à nue aussi profonde de leurs fantasmes, de leurs envies, au point de faire naître des désirs obsédants qui les pousseront à l’action au péril parfois d’équilibres fragiles dans leur vie ? » Eva Delambre apporte un élément de réponse à cette question dans une version où on ne « verra aucunes allusions autobiographiques et pourtant elles sont là, enfouies sans doute dans quelques histoires, des émotions, des positions…. ». Pour ma part, je ne m’aventurerai pas jusque à ce point, je ne sais pas ce qu’Eva connait de ce milieu, je peux juste dire que son récit est fort crédible, qu’il sonne juste, qu’il est bien écrit et qu’on a envie d’y croire et même d’en savoir plus, de connaître la suite, de suivre l’Ange dans le choix qu’elle aura fait.

Eva Delambre a évité les pièges de la pornographie et de la pudibonderie, elle ne sombre jamais dans le racolage à deux sous ni dans la mièvrerie étalée dans de nombreux romans érotiques. Elle raconte seulement l’histoire d’une jeune femme qui a fait un choix différent de celui de la plupart des autres femmes. Elle décrit le parcours que cette jeune devra emprunter pour parvenir à ce que son Maître attend d’elle : une acceptation totale de ce qui lui est infligée, un abandon d’elle-même « … Juste parce que tu saurais, au fond de toi, que j’ai ce pouvoir absolu sur toi. Ce droit. Tous les droits. Tu penserais ta condition, tu vivrais ta condition, tu respirerais ta condition : soumise. Ma soumise. Viendrais un jour, où tu ne ressentirais vraiment, réellement, au plus profond de toi, rien d’autre que ta condition… Mon œuvre. Ma création. »

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Les éditions

  • L'Éveil de l'Ange [Texte imprimé]
    de Delambre, Eva
    Tabou éd. / Les jardins de Priape
    ISBN : 9782363260338 ; 16,00 € ; 12/11/2015 ; 368 p. ; Format Kindle
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L’Éveil de l’Ange ou la passion pour le démon

6 étoiles

Critique de Hcdahlem (, Inscrit le 9 novembre 2015, 64 ans) - 30 décembre 2015

La littérature érotique est un vaste domaine qui permet toutes sortes de variantes et de fantaisies. En quelques semaines, il nous aura été permis de découvrir deux pratiques totalement opposées, celle d’une femme libre de ses choix et de ses fantasmes, qui n’hésite pas à jeter ses amants comme un mouchoir usagé, quitte à mener une vie Décousue et celle d’une femme soumise, objet consentant des fantasmes de son Maître.
Éva Delambre nous propose en effet une sorte d’initiation au BDSM (abréviation de « Bondage, Discipline, Sado-Masochisme ») à travers le récit de Solange. Cette dernière vient de perdre son emploi de libraire lorsque son amie Axelle lui propose de répondre à un concours de nouvelles qu’elle va finir par remporter. Axelle, en jouant les entremetteuses a toutefois omis de mentionner que le prix consistait en un contrat de rédaction de récits érotiques.
Aussi Solange n’imagine guère ce qui l’attend lorsqu’elle débarque dans la belle propriété drômoise de Tristan Bussy. Mais après tout, elle entend bien profiter de ce voyage pour faire le point : « Quoi de mieux que de retrouver complètement déracinée, loin de tout repère familier et dans un contexte quelque peu déstabilisant, pour savoir ce qui était le mieux pour soi et ses véritables aspirations. »
Sans oublier que Tristan est séduisant et que la rédaction de ces récits est bien payée… Le piège peut se refermer sur Solange.
Car comme le maître dominateur Hieros le rappelle dans un article de Philosophie Magazine : « Le dominateur est un narrateur qui prend le pouvoir avec les mots. »
Alors Tristan parle, raconte et se faisant envoûte Solange qu’il a pris soin de débaptiser pour l’appeler Ange.
Après le premier récit, celle d’une femme rencontrée sur internet et dont on ne saura rien de plus que sa soumission dans une chambre d’hôtel, viendront les histoires de Carène, Camille, Jade, Alice et les autres.
Seule, quasiment obligée de se mettre dans la peau de celles dont elle doit retranscrire les faits et gestes, Solange sent bien qu’elle perd le contrôle de ses actes.
« J’étais pitoyable et le pire était que j’en avais conscience. Je pensais à toutes ces femmes qu’il m’avait racontées, toutes ces soumises si belles et si parfaites qui assumaient avec délice leur condition, qui ressentaient leur appartenance comme un privilège, un honneur. Je les imaginais si fières et si promptes à effectuer n’importe quel geste humiliant et rabaissant avec une élégance et une classe déconcertantes, tant pour elles, cela avait un sens profond, tant c’était là un symbole puissant. »
Après ce que l’on pourrait assimiler à un nettoyage de cerveau, l’ange est prêt à succomber à son tour. Elle veut ressentir à son tour la douleur mêlée au plaisir. Mais le contrat qui la lie à son Maître tient ici davantage de la mise en scène que de la vraie soumission. Il est aussi question de plaisir réciproque durant leurs échanges.
Si l’Ange s’éveille, c’est aussi en prenant conscience que cet épisode ne peut s’inscrire dans la durée : « J’avais aussi envie de partager d’autres choses, d’autres moments. Envie de discuter tard dans la nuit d’un film que nous aurions vu ensemble, envie de lire après lui les mêmes livres pour échanger nos idées, envie de chiner aux puces, envie de soirées, d’expos, de restaurants, envie de voyages à deux, de projets pourquoi pas. »
Là où la soumission aurait pu déboucher sur une expérience sectaire, voire – pour oser une image plus violente – sur un engagement de type djihadiste, on se rapproche des 50 nuances de Grey. L’expérience BDSM devient alors plus un jeu qui utilise les codes du genre sans sombrer dans les extrêmes. L’Ange parviendra-t-il à prendre son envol ? C’est ce que nous découvrirons dans le second tome à paraître.

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