Le Grand Méchant Renard
de Benjamin Renner

critiqué par Blue Boy, le 17 décembre 2015
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Même pas peur !
Depuis « les Fables » de La Fontaine, on croyait les renards rusés. Avec Benjamin Renner, on les découvre pleutres et inoffensifs. Comme ce grand méchant renard qui, à défaut d’être la terreur des basses-cours, a au moins le mérite de nous faire hurler de rire en cette fin d’année quelque peu morose, et ce pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques…

Voici d’après moi l’antidote tout trouvé pour oublier la morosité ambiante, surtout à l’approche des fêtes. Pourtant, de prime abord, on se dit que le dessin, ça fait un peu déjà vu. Et puis des gags avec des animaux qui parlent, c’est pour les enfants, non ? Eh bien une fois dépassés ces aprioris, on pourra vérifier qu’il n’en est rien, et qu’il ne faudra guère de pages avant de sentir son corps - défendant - secoué d’authentiques fous-rires qui dureront jusqu’à la conclusion, en tous cas en ce qui me concerne. Benjamin Renner joue avec bonheur et légèreté sur les problèmes d’identité de ce renard, contraint d’élever des poussins qui le prennent pour sa mère, alors qu’au départ il souhaitait juste les couver puis les engraisser pour les dévorer ensuite. Problème : notre goupil est très sentimental et finit par se résigner à ce rôle de maman improvisée. Comment dans ces conditions se faire respecter comme le prédateur qu’il est censé être vis-à-vis de la gent animale ?

Réalisateur de films d’animation (« Ernest et Célestine ») et auteur d’un blog, Benjamin Renner publie avec Delcourt sa deuxième bande dessinée, et c’est une totale réussite. Visiblement, son expérience dans l’animation transparaît clairement dans cet ouvrage, qui évoque irrésistiblement Tex Avery ou les meilleurs Looney Tunes. D’un minimalisme étudié où tout le piquant est dans l’expression désopilante des personnages, le dessin se cale à merveille avec des dialogues très flegmatiques pour entamer une succession de gags hyper punchy, et l’absence de cases n’est nullement un problème. Les animaux ont chacun des caractères bien marqués qui les rendent pour la plupart attachants. Assurément, « Le Grand Méchant Renard » s’impose comme un de mes gros coups de cœur de l’année.