Nostalgie de Paris de Francis Carco

Nostalgie de Paris de Francis Carco

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Alceste, le 15 décembre 2015 (Liège, Inscrit le 20 février 2015, 62 ans)
La note : 8 étoiles
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Paris de la bohème littéraire

Au gré de ses humeurs, sans itinéraire préétabli, Carco emmène le lecteur dans de savoureuses flâneries dans le Paris de sa jeunesse mais aussi d’époques beaucoup plus lointaines, car pour lui, l’essentiel est de faire des ponts entre les générations. Comme le dit Barrès, « chacun des artistes forme depuis le « vieux fond de Rome », le maillon d’une même chaîne, d’une même et fraternelle famille. »


Mais en tournant les coins de rue, nous tournons aussi les pages d’une anthologie poétique, Carco émaillant la promenade de ses vers préférés. Ceux de Villon sont les plus nombreux, et, les lieux où sa présence est attestée étant plutôt rares, le commentaire s’attache à une véritable analyse stylistique.


Les deux autres favoris sont Baudelaire, dont le domicile, au grand regret de l’auteur, a disparu dans les travaux d’Haussmann, et Verlaine, qu’il piste dans tous les lieux de sa pauvre vie. Mais une foule d’autres noms font leur apparition, éveillant autant de silhouettes qui ont contribué, par de hauts ou de menus faits, à la vie littéraire Paris, et l’on vient à regretter l’absence d’un index. Les noms de rue aussi illuminent le texte et Carco s'en délecte : rue Brise-Miche, rue Gît-le-Cœur, rue Aubry-le-Boucher, rue Guillemette, rue Maubuée, ( la mauvaise lessive), etc.


Tout en utilisant une langue classique, Carco ne renie pas ses goûts canaille et privilégie les lieux interlopes : lieux de plaisir, de racolage, cabarets, ruelles étroites, hôtels borgnes, prisons, gibets, cimetières. Ses descriptions sont souvent de vraies eaux-fortes : « Plus haut, dans l’épanouissement glacé du clair de lune, la masse funèbre aux toits pointus de la Conciergerie se profilait ainsi que sur certaines gravures où la flèche de la Sainte-Chapelle et la robuste et symétrique architecture de Notre-Dame dominaient un grouillant ensemble d’églises, de cloîtres, d’hospices, de bâtiments de toute espèce groupés trop à l’étroit dans l’île et se répandant, en désordre, des deux côtés du fleuve en un prodigieux hérissement de clochers, de clochetons, de tours à poivrière, de lanternes , de créneaux, d’auvents, de girouettes et de cheminées. »


C’est un plaisir de suivre ce guide, érudit et sensible. « C’est au numéro 6 de cette place (Place de Fürstenberg), au fond de la cour, qu’en 1857 Eugène Delacroix louait un atelier. Il y mourut six ans plus tard. Jamais contraste n’aura été plus grand entre le caractère fougueux et romantique du peintre et celui, non seulement de cette cour, mais de cette place paisible dont les vieilles maisons blanches prennent le soir un vague aspect de béguinage quand tinte la cloche de Saint-Germain-des-Prés. »

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