L'enfant de la haute mer
de Jules Supervielle

critiqué par Débézed, le 24 novembre 2015
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Poésie en prose
J’ai choisi ce livre surtout par curiosité, je connaissais Supervielle le poète mais je ne savais pas qu’il avait écrit d’autres choses notamment ce recueil de contes, dit l’éditeur, plutôt de nouvelles fantastiques, selon moi, aussi je voulais découvrir cette autre facette de ce grand auteur. En changeant de genre littéraire, le maître n’a rien perdu de son talent et sa prose fleure bon la poésie qu’il a laissée à la postérité. Les huit petits textes fantastiques qu’il livre dans ce recueil, évoquent des personnages ou des animaux qui évoluent souvent aux confins de la mort en-deçà ou au-delà de la ligne imaginaire qui sépare le monde des vivants de celui des morts. Ils franchissent cette ligne fatidique, ou l’ont déjà franchie, il y a là : la petite fille que son père a tellement rêvée qu’il lui a donné vie, la petite fille noyée qui refuse de vivre dans le monde des noyés et s’évade dans les abysses, le bœuf de la crèche devenu trop vieux qui ne peut pas suivre Joseph, Marie et Jésus sur le dos de l’âne parce qu’il est trop vieux et trop faible, les ombres des anciens habitants de la terre, … tout un petit peuple sorti tout droit de l’imagination féconde de l’auteur, décrit avec une grande finesse dans des histoires qui évoquent « Le petit prince » et qui laissent penser que l’auteur était fort préoccupé par l’idée de la mort et de la vie éventuelle dans l’autre monde au moment où il a écrit ces textes.

Je vous laisse juste cette petite phrase pour vous donner une idée de la beauté et de l’élégance des textes du poète, on frise la poésie en prose : « L’océan devenait vide et elle ne recevait d’autres visites que celles des étoiles filantes ».