La mort du père
de José Luís Peixoto

critiqué par Pucksimberg, le 22 novembre 2015
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Bouleversant, poétique, embarrassant par tant de sincérité
José Luis Peixoto a rédigé un court texte fort, juste et bouleversant sur son père, disparu trop tôt. Ce texte est habité par un souffle brûlant, un besoin de coucher sur papier sa souffrance, de mettre des mots sur ce qu'il ressent. C'est un texte douloureux qui aura une résonance pour chaque lecteur qui a été confronté à un deuil, soit de très nombreux lecteurs, malheureusement. L'écrivain s'adresse à son père, le tutoiement est utilisé et donne l'impression qu'il converse encore avec lui malgré la mort. Certains passages sont très touchants. L'écrivain évoque la maladie de son père, tous ces instants où il a tenté de redonner du courage à son père, l'odeur de la maladie, le courage du mourant, les séjours à l'hôpital. On le suit revenant dans la maison familiale, ouvrant des tiroirs renfermant des objets ayant appartenu à son père ... A ces durs instants évoqués avec pudeur et sans s'éterniser sur les éléments médicaux ( ouf ), s'ajoute l'évocation aussi de certains épisodes de leur passé. C'est le passé qui resurgit sans crier gare et c'est cette prise de conscience que rien ne sera plus pareil qui meurtrit au plus haut point l'écrivain. Difficile aussi pour lui de voir les autres continuer à vivre alors que son existence à lui est bouleversée et qu'il ne sait comment composer avec cette perte.

José Luis Peixoto possède une belle écriture. Ici, l'on a le sentiment que c'est le cœur qui a imprimé un rythme à ce texte composé de très longs paragraphes. L'on ressent le besoin de confier son ressenti, de clarifier ses émotions, de dire à son père combien il l'aime. Il y a de très belles images sur la douleur et sur le deuil. C'est une superbe déclaration d'amour, une lettre ouverte à un mort. Il est certain que ce texte n'est pas léger et qu'on en sort avec la boule au ventre, mais il parle une langue que beaucoup connaissent et a une portée universelle.

Voici un extrait pour apprécier le style de cet auteur portugais talentueux :
"Repose, papa, dors, mon tout petit père : je porte ton nom, et tes certitudes et tes rêves en l'espace des miens. Repose : je ne permettrai pas qu'il t'arrive du mal. Ne t'attriste plus, papa. Je suis fort sur cette terre sous mes pieds ..."