La nuit du bombardier
de Serge Brussolo

critiqué par Natalia Epstein, le 14 novembre 2015
( - 43 ans)


La note:  étoiles
Plus complexe qu'il n'y parait...
On a beaucoup critiqué Serge Brussolo, avec raison, notamment sur sa période "Fleuve noir", où l'auteur écrivait au kilomètre. Pressé par le contrat qu'il avait passé, Brussolo devait fournir, sans se poser de questions. Il faut dire qu'il ne s'est jamais posé la question du style, loin s'en faut. Et la lecture s'en ressent. Pourtant...

C'est un peu comme chez Dick, qui écrivait sous amphétamines, et qui traquait ses idées ; il n'avait ni le temps ni l'envie de se préoccuper de son style. Il traçait la route, voilà tout.

Brussolo campe ici l'itinéraire d'un jeune garçon, dont la mère a été violée dans un parking souterrain, et qui atterrit dans une pension perdue, au fin fond d'une province lugubre. Là, il est entrepris par un groupe d'adolescents persuadés qu'une catastrophe va survenir, et qui s'entraînent à la survie.

Ce qui pourrait ne rester qu'un roman "gothique", et ce serait déjà bien, va partir ensuite vers une autre dimension. Je dis que ça serait déjà bien, car c'est très réussi, hormis la question du style. Les personnages sont bien campés, passionnants, crédibles. Le récit est émaillé de petits détails qui font vrai, les dialogues sont convaincants, tout est pesé, équilibré, pensé pour fonctionner, faire mouche. Parfois trop, on sent certaines ficelles, c'est dommage. Et c'est là, à mon avis, que le style fait défaut. Mais passons.

Le roman dérive sur autre chose... J'hésite à en dire plus, car c'est vendre un peu la mèche. Disons qu'à une époque reculée, a eu lieu la nuit du bombardier. D'aucuns pensent qu'un bombardier s'est écrasé sur la fête foraine, et que depuis toute la réalité est détraquée. En fait, il ne s'agissait pas du tout d'un bombardier, mais d'une présence extra-terrestre.

A partir de là, on laisse le roman gothique de côté et on bascule dans la Science-Fiction.

Très, très fort...

Je ne veux pas en dire plus, il faut préserver un minimum de mystère.
Mais c'est vraiment un roman colossal. Un très très bon Brussolo, très abouti, maîtrisé, intense, que je relis souvent, avec grand plaisir.