Le vieux qui déjeunait seul de Léa Wiazemsky

Le vieux qui déjeunait seul de Léa Wiazemsky

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Hcdahlem, le 9 novembre 2015 (Inscrit le 9 novembre 2015, 64 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (26 912ème position).
Visites : 2 624 

Le vieux qui déjeunait seul …et dont la vie va basculer

Un formidable coup de cœur ! Pour qu’un roman parvienne à m’émouvoir au point de verser une larme, c’est qu’il a dû toucher une corde sensible. Pour ses débuts en littérature, Léa Wiazemsky aura réussi le même coup que sa mère, Régine Deforges, dont les premiers romans m’avaient beaucoup plu. Mais cessons de ressasser comme les anciens combattants et occupons-nous de l’histoire de Clara et de Clément à qui Léa donne tour à tour la parole, offrant par la même occasion au lecteur deux perspectives d’une même histoire.
Clara est serveuse dans un petit restaurant parisien. Un travail comme un autre, qu’elle agrémente en imaginant quelle peut être la vie des quelques habitués qu’elle croise régulièrement. Parmi ces clients, un vieux monsieur retient plus particulièrement son attention, parce qu’elle sent chez lui une profonde mélancolie. A plusieurs reprises, elle a essayé d’engager la conversation avec celui qu’elle a décidé de prénommer Henri, mais par pudeur et peut-être par peur, elle n’y est pas parvenue.
Henri, qui en fait s’appelle Clément, a aussi remarqué la belle serveuse : « Et il y a cette jeune fille qui fait de cet endroit un univers de lumière et de joie. J'aime cet instant où, à peine ai-je poussé la porte, elle est là avec son sourire plein de malice pour me souhaiter la bienvenue. Elle sait que je vais commander la même chose que d'habitude ; mais elle prend malgré tout la peine de m'apporter la carte. Cela me fait sourire. » Si leurs rencontres ne suffisaient qu’à rendre leur quotidien plus gai, cela serait déjà très bien, car on sent chez l’un comme chez l’autre une blessure, un secret dont pourraient se délecter les psycho-généalogistes.
Clément a près de 80 ans. S’il est veuf, c’est que son épouse a été victime de la barbarie nazie et n’est jamais revenue des camps de la mort.
Clara, quant à elle, aura dû fouiller dans le passé familial pour qu’enfin on lui lâche du bout des lèvres que son grand-père aura été un collaborateur très zélé. Une tache qu’elle croira longtemps indélébile.
Par petites touches, en faisant aussi intervenir des personnages secondaires, Bastien, un amoureux transi, du côté de Clara et un couple d’amis Roberto et Marta du côté de Clément, Léa Wiazemsky va réussir le tour de force à nous persuader que non seulement ces deux personnes vont réussir à se rapprocher, mais bien plus que cela, à se guérir l’une de l’autre de leur lourd passé. Dès lors, plus rien ne s’oppose à une fin heureuse, sinon l’âge du capitaine: « Le bonheur, cela se décide, Clara! Tu le portes en toi comme le plus beau cadeau que la vie t'a donné. C'est à toi de le semer et de le faire pousser. Lorsque tu as trouvé la graine, tu dois la protéger, lui donner un peu d'eau, elle grandira et prendra de la place, tu n'auras alors rien d'autre à faire que de jouir de sa beauté. »
Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître !

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Les éditions

  • Le vieux qui déjeunait seul [Texte imprimé], roman Léa Wiazemsky
    de Wiazemsky, Léa
    M. Lafon
    ISBN : 9782749924182 ; 14,95 € ; 02/04/2015 ; 172 p. ; Broché
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Toute ma vie je me suis fait une certaine idée de la France...

7 étoiles

Critique de Homo.Libris (Paris, Inscrit le 17 avril 2011, 57 ans) - 28 avril 2016

Hcdalem a longuement résumé le récit et Dirlandaise a presque parfaitement cerné le roman. Presque car (1) le péjoratif "dégoulinant" me semble inapproprié et (2) le style est fluide et agréable.
(1) Oui tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, encore que la barbarie nazie apparaisse en filigrane tout au long du roman. Il est vrai que tout est un peu attendu... et espéré aussi ! Mais, si tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, c'est bien de le croire le temps d'un court roman. Tous les ingrédients sont parfaitement étudiés pour que la sauce prenne de bonne manière, et ça marche terriblement bien car l'élaboration en est parfaitement maîtrisée. "Le vieux ... " est certainement plus proche de Gavalda que de Burgess, mais chacun ses goûts et moi j'aime bien le grand écart ! Et puis le contenu n'est pas si lisse qu'il y paraît... En filigrane apparaît aussi une sérieuse critique politique et un amour profond pour notre pays !
(2) Si tous les romans (et traductions de romans, surtout anglophones) parus ces dernières années étaient au moins de cette qualité d'écriture, ce serait déjà bien.
Donc un roman à lire comme un joli conte pour oublier un moment les horreurs de la réalité !

Une bluette

5 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans) - 1 décembre 2015

Loin de partager l'enthousiasme de Hcdalem dont j'ai apprécié la critique ce qui m'a incitée à lire ce premier roman de Léa Wiazemsky, je qualifierais ce livre de bluette pétrie de bons sentiments dégoulinants affublée d'un sujet mille fois rebattu. Prenons une serveuse de café triste, ajoutons un vieux client esseulé et ensuite, un amoureux en prime, brassons le tout et voilà le travail. Ah oui, n'oublions pas d'ajouter une histoire de la Deuxième Guerre mondiale et de camps de concentration pour couronner le tout. Mais je ne veux pas être méchante : ce livre se lit agréablement, l'écriture est correcte, le style passable, il vous fera passer un bon moment sans doute mais moi, il m'a plusieurs fois fait soupirer et que dire de la fin si prévisible et convenue.

Mais enfin, à lire car les bons sentiments pourquoi pas... une fois de tant à autre... on se prend à y croire.

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