Les genoux écorchés
de Philippe Vourch

critiqué par Sissi, le 31 octobre 2015
(Besançon - 53 ans)


La note:  étoiles
Ode au père
« Mon père n’était pas un héros, il était juste mon père »

Et pourtant, ce père tant aimé à qui Philippe Vourch dédie son livre et qui semble bien être le sien, prend des allures de personnage mythique, de géant magnifique, celui qui a insufflé de la magie dans la magie de l’enfance.
Ainsi, le revoyant brandir un tuyau d’arrosage pour qu’il « fasse la pluie », comme l’enfant qu’il était le lui demandait :

« Mon père était un faiseur de pluie. Ce morceau de rêve précieux. »

Alternant les passages de récit traditionnel à l’imparfait sur cette période inoubliable de sa vie avec des petits instants où le temps se fige, au présent de narration- ces petits instants dont on ne sait pas encore, au moment où les vit, qu’ils resteront comme autant de traces indélébiles d’un passé définitivement révolu- ce texte nous transporte dans les souvenirs d’un autre tout en ravivant les nôtres.
Philippe Vourch réussit à nous émouvoir en racontant des souvenirs extrêmement simples, en revisitant son enfance, thème plus que rebattu, peut-être parce qu’il ne se contente pas de décrire les évènements, il parvient faire ressentir au lecteur à quel point le bonheur relève de l’infime, de ces infimes petits instants de complétude, de contemplation qu’on ne retrouve finalement pas si souvent dans une vie.
Il fouille, fouille au plus profond de sa mémoire, cherche à dépasser le mur, « le mur de Planck, cet horizon au delà duquel on ne voit plus, on ne sait plus. », parce qu’ « il y a sûrement des bouts de rêve à ramasser encore là-bas, au-delà de ce mur. »

Ultime hommage au père, avant de « refermer ce petit carnet », un beau petit carnet qu’on a eu tant de plaisir à parcourir et qui nous rappelle cette période où je, nous, n’avions de meurtrissures que sur une partie de nos jambes, où la vie n’égratignait finalement pas grand chose.

Les genoux écorchés est édité chez Christophe Lucquin Editeur, une maison à découvrir davantage.
Touché par ce roman initiatique 9 étoiles

Un petit livre qui sent bon l’herbe fraîchement coupée, la mer, les mouettes, le ciel bleu. Pourtant, le thème de ce roman est la mort, la mort d’un père pour un gosse de 11 ans qui voit le ciel lui tomber sur la tête. Le risque de ce roman aurait été de tomber dans le pathos, mais par une plume magique et poétique, l’auteur nous livre un roman où la lumière ne faiblit jamais. L’histoire se passe dans les années 70 en Bretagne, une histoire toute simple en apparence, une famille comme une autre à laquelle on ne peut s’empêcher de s’identifier. Ce livre fait du bien, car la mort, au lieu de tout ternir ne fait que renforcer la vie. J’ai été touché et porté par l’écriture de cet auteur. De belles couleurs chaudes. Une succession de petites histoires du quotidien vues par un enfant.

Léo Stern - - 46 ans - 30 avril 2016