Xanadu

Un homme vit à Galpa, ville fantasmée d’une Inde secrète et éternelle où le temps s’épaissit. « Je ne saurais dire depuis combien de temps je vis à Galpa », nous confie-t-il dès la première phrase ; on n’en saura pas plus sur ce qui l’a mené là. On comprend qu’il est étranger car il ne connaît pas la langue. Il ne fait rien. « Puisque je n’ai rien à faire, je pense. Mais c’est évidemment un bien grand mot », nous prévient-il encore. En fait, il se « contente d’attendre » dans cette ville où les pluies d’été succèdent aux couleurs qu’on jette à Holy et puis il pense à Paule, dont la peau chaude est quelque part, il rencontre Jissa.

Galpa, qu’on pourrait croire située sur les bords de la mer des Syrthes, tant on pense aux rivages de Gracq, de son côté attend sa chute. C’est une vieille cité palatiale, un Xanadu que ses habitants fuient et où ceux qui demeurent ressemblent « à des mouches collées au papier mortel », mais résignés déjà : « nous ne nous débattons pas contre l’inévitable. Nous lui avons fait une place de choix dans notre vie. Nous acceptons d’avance, et comme fascinés, ce qui en découlera ». Or dans cette ville qui dérobe les forces de ses habitants, une fissure est apparue sur le plafond de la bibliothèque du palais. La lézarde s’étend, répand une poudre, le plâtre d’autres temps plus grands, comme le sable du temps. On la regarde avec angoisse, on opère des calculs, on sacrifie aux dieux, mais surtout on attend la chute.

Galpa, c’est le premier roman publié par Marcel Cohen. C’était aux éditions du Seuil, en 1969, et ça l’est de nouveau en 2015, dans un très beau format, chez Chandeigne. C’est une œuvre splendide.

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  Galpa

  de Cohen, Marcel
  Editions Chandeigne
  ISBN : 9782367321158 ; 15,00 € ; 24/09/2015 ; 102 p. ; Broché

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