De rage et de douleur, le monstre
de Terézia Mora

critiqué par Pucksimberg, le 19 octobre 2015
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Déconcertant, original et fort
Darius Kopp n'a pas une vie qui fait rêver, il a perdu son travail et son épouse s'est suicidée. Il se referme sur lui-même, ne sort plus, s'assomme avec la télévision. Un jour, il se prend en main, renoue avec son épouse morte en décidant d'enterrer ses cendres et en lisant le journal qu'elle tenait. C'est parti pour une aventure déconcertante dans laquelle il voyagera, fera des rencontres et fera des avancées intérieures. Ce voyage semble bien métaphorique ...

Quelle expérience que la lecture d'un tel roman, monstrueux dans sa forme. Chaque page est divisée en deux : la partie supérieure concerne Darius le personnage principal, la partie inférieure se compose du journal de Flora. Le lecteur peut donc mener de front ces deux récits, mais ce qui peut bousculer les habitudes du lecteur c'est que les récits sont à cheval sur plusieurs pages, ne se terminent pas en même temps. Il est donc très difficile d'avancer avec ces deux textes. L'alternance des points de vue peut complexifier la lecture, mais c'est aussi ce qui en fait sa richesse et sa force. On a le sentiment que la dépression se reflète dans la structure même de ce roman qui a déjà reçu deux prix littéraires.

Le roman est davantage psychologique. Le lecteur entre dans la psyché de ces personnages et c'est parfois effrayant et angoissant. La journal de Flora est assez perturbant et l'on pressent tout ce mal être. Avancer dans ce roman nécessite du courage et de la concentration. Ce roman reste très intéressant dans sa forme et dans certains choix ambitieux de l'auteur.