La variante Chilienne
de Pierre Raufast

critiqué par Ludmilla, le 17 octobre 2015
(Chaville - 68 ans)


La note:  étoiles
Des contes jubilatoires…
… mais pas vraiment un roman. Le « roman » est plutôt une histoire de plus – et à mon avis pas la meilleure.
Je n’ai pas (encore) lu « La fractale des raviolis », mais, en lisant les critiques, « La variante chilienne » me semble être le même type de livre : d’excellentes petites histoires, plus ou moins improbables, le lien entre les histoires (contes ?) étant un peu artificiel.
Il me semble que, du coup, si l’on s’attend à un roman, on peut être déçu, la « trame » n’étant pas à mon avis du même niveau que les contes – et ce serait dommage de ne pas lire l’histoire du village sous la pluie, du valet de cœur, des fossoyeurs truands, ...

Un cadeau d’anniversaire dévoré en deux jours. Merci Gwenaëlle !
L'homme qui rangeait ses souvenirs dans des bocaux 10 étoiles

Vous connaissez l'expression : « une journée à marquer d'une pierre blanche » pour désigner une journée particulièrement heureuse et mémorable....
C'est ce qu'a mis en pratique Florin, le personnage principal de ce roman savoureux .
Privé dès son enfance de mémoire en raison d'un grave accident, il a pris l'habitude depuis plusieurs dizaines d'années de représenter chaque situation heureuse à laquelle il a pris part par un caillou de forme particulière et de le glisser dans un bocal . Un mur de sa maison est d'ailleurs constitué d'une série d'étagères remplies de ces bocaux. 1 bocal par année. 10 années par étagère.
Et lorsqu'il sort un caillou et le caresse, le souvenir du moment qu'il symbolise lui revient en mémoire .

Lorsque Pascal, professeur de Lettres en vacances qui a loué une maison proche de celle de Florin, intrigué par cet homme qui vit en solitaire, vient lui rendre visite, tous les deux découvrent qu'ils ont en commun l'amour du vin , du tabac et de la littérature.
Et c'est lors de douces soirées d'été bien arrosées, que Florin va, pour Pascal sortir des cailloux de leur bocal et faire revivre toute une galerie de personnages savoureux qui ont marqué ses errances, notamment ceux avec lesquels il a autrefois joué aux cartes, à ce jeu de la variante chilienne qui donne son nom au titre du roman .
Celui qui a réellement vécu tant d'aventures et celui qui n'a fait qu'en lire sont faits pour s'apprécier !
Et il n'en faut pas plus pour que le lecteur amateur de personnages pittoresques et de situations inattendues soit comblé !

Pierre Raufast déjà remarqué comme habile conteur dans son précédent ouvrage , le roman à tiroirs LA FRACTALE DES RAVIOLIS confirme dans LA VARIANTE CHILIENNE son art de l'architecture narrative . Chaque épisode raconté en entraîne un autre ou mieux encore, devient la matrice d'un récit qui s'y trouve enchâssé, sans pour autant que le lecteur y perde ses repères .
Florin devient « le sorcier qui se joue du temps » et je me suis, comme Pascal, le narrateur, laissée ensorceler par ses histoires, contées en phrases brèves, serrées, dans une écriture sans superflu au rythme staccato qui lui permet de croquer personnages et situations en quelques lignes.

Un agréable moment de lecture appréciable en ces temps de confinement .

Alma - - - ans - 6 février 2021


UN LIVRE UNIQUE! 10 étoiles

La variante chilienne est tout d’abord l’histoire Pascal jeune prof de littérature et d’une de ses jeunes élèves Margaux, âgée de dix-sept ans.

Au début de l’histoire les deux se réfugient dans une petite maison isolée dans la vallée de Chantebrie. Pascal veut en effet cacher et en même temps préserver Margaux. En effet celle-ci - jeune fille surdouée, très fragile qui a eu une enfance traumatisante -, vient juste d’être la victime d’une tentative d'agression sexuelle de la part d’un voisin imbibé d’alcool… Voisin s’est retrouvé à l’hôpital éborgné! Pascal est quant à lui un homme revenu de tout et de tout le monde et qui se remet doucement de sa rupture amoureuse, sa fiancée l’ayant quitté quatre mois avant leur mariage, suite à une sordide histoire de famille…

Ils n’ont qu’un seul voisin qui vit dans un chalet un peu en contrebas, Florin. C’est un vieil homme, très discret et qui sort peu de chez lui. Pascal et Florin font bientôt connaissance attirés par leurs points communs, tous les deux aiment la bonne chère et le bon vin, la bonne littérature et surtout fumer la pipe!

Bientôt Florin lui raconte son histoire. Victime d’un terrible accident lorsqu'il avait 13 ans, il est resté un long moment dans le coma et a perdu une partie de ses facultés. Il est devenu incapable de ressentir les émotions et sa mémoire non immédiate a disparu. N’ayant plus la capacité d’avoir des souvenirs, il ramasse un petit caillou et y associe un évènement pour se le rappeler…

Ce livre est une bouffée d’air frais, mieux, une véritable fontaine de jouvence au milieu des livres que vous avez l’habitude de lire… Chaque caillou que Florin raconte est une histoire en elle-même, avec un début et une fin, mais qui se rattache de près ou de loin aux autres…

Les personnages sont très touchants, ils nous prennent le cœur dès les premières pages. Ils sont tous très fouillés psychologiquement, et très originaux. Mais là où on est le plus pris dans l’histoire, c’est avec le talent, que dis-je le don de «raconteur» de M. RAUFAST, avec son imagination débordante, une véritable éruption volcanique d’imagination! Non seulement on retrouvera certains personnages et certaines situations que l’on a déjà vues dans les autres romans du même auteur, mais en plus on en découvrira d’autres plus étonnantes les unes que les autres. Un seul exemple : Vous allez savoir une fois pour toutes pourquoi le grand écrivain argentin Jorge Luis BORGES (1899-1986) n’a jamais eu le Prix Nobel de Littérature, qu’ils méritait pourtant amplement depuis des années… Et non, n’insistez pas, je ne vous le dirai pas! La réponse est dans le livre!

Cerise sur le gâteau, une écriture toujours aussi belle et facile à lire, un style toujours aussi étincelant, ciselé avec ces petits détails qui font que l’on sent tout de suite que l’on est en train de lire un livre unique…

Septularisen - Luxembourg - 56 ans - 10 octobre 2018


Une grande imagination ! 7 étoiles

La variante chilienne, qu’est ce que c’est ? Un jeu de cartes, pardi ! Ici ses règles sont éludées, c’est surtout un prétexte pour raconter des histoires toutes plus farfelues les unes que les autres. Il est dit que les souvenirs se nourrissent de nos émotions et que sans émotion, il n’y a pas de souvenir. Voilà pourquoi Florin, suite à une opération, a perdu ses souvenirs et conserve des cailloux dans des bocaux étiquetés par année pour les lui rappeler. Il est riche de ses cailloux et de ses histoires et les dévoile un à un à ses 2 voisins et à nous autres lecteurs.
Laissez libre cours à votre imagination, ouvrez votre esprit : un village où il pleut pendant douze ans, un homme qui parle couramment 15 langues et souhaite retrouver la voix de Clovis dans un vase, une femme coulée dans le béton d’une piscine transformée en potager, ne sont que quelques-unes des histoires rocambolesques à souhait que vous relate Florin. Il forme un tendre trio avec Pascal le prof philosophe et Margaux, l’élève rêveuse de 18 ans, traumatisée et d’une grande maturité pour son âge. Et nous offre une belle réflexion sur la mémoire et un moment de lecture jubilatoire. « Nous étions comme des personnages de Giono. De ceux qui discutent fraternellement sur un plateau de haute Provence, avec la complicité d’Orion-fleur de carotte et la beauté poétique d’un champ de narcisses. ». Soit dit en passant au final, on ignore comment se joue une partie de variante chilienne mais est-ce bien le plus important ?

Psychééé - - 35 ans - 12 décembre 2016