Les nuits de laitue
de Vanessa Barbara

critiqué par Alma, le 13 octobre 2015
( - - ans)


La note:  étoiles
C’est une maison jaune accrochée à la colline…….
C’est dans une maison jaune accrochée à la colline que vit Otto, « veuf silencieux, résigné et consciencieux », seul depuis la mort d’Ada, celle avec qui il partageait sa vie depuis 50 ans . Ada , figure centrale du quartier, dépositaire des secrets de ses familles, dont elle faisait la chronique à Otto, au retour des visites qu’elles rendait chaque matin aux habitants . A sa mort, le quartier avait même observé trois jours de deuil.

Ce quartier semble vivre en vase clos, toutes les questions relatives à sa vie se réglant lors de réunions de quartier. Et des problèmes, il y en a, car la petite cité est non seulement infestée de cafards, mais est aussi peuplée de personnages étonnants, plus pittoresques les uns que les autres, qui vivent en bonne intelligence, chacun acceptant la différence de l’autre, dans un climat de tolérance .

Otto qui ne veut plus sortir de chez lui, se retrouve bien isolé à présent, la vie de ses voisins ne lui parvenant plus que par bribes de conversations qu’il perçoit tant les maisons sont serrées les unes sur les autres et leurs murs fins . Lui qui a tant aimé lire des romans policiers, se demande parfois si la mort de sa chère Ada ne serait pas liée à une sordide affaire criminelle ….

Plus que la résolution de l’énigme policière, c’est surtout l’évocation de la relation fusionnelle entre Ada et Otto que je retiendrai ainsi que la galerie de personnages qu’Otto qualifie de « hurluberlus déjantés » et l’évocation de la vie quotidienne du microcosme de ce quartier. Une sorte de bulle, dont l’atmosphère peut rappeler à certains moments celle du film de Cédric Klapisch CHACUN CHERCHE SON CHAT ( ici il s’agit plutôt ici de 3 chats aboyeurs et fugueurs ) ou du film de Jacques Tati JOUR DE FETE ( avec également ici un facteur qui distribue le courrier de façon inattendue et fantaisiste).

Un court roman - le premier d’une jeune brésilienne - une comédie sociale légère et pleine de fantaisie, qui peut faire passer un agréable moment de lecture.
L'incident du facteur 7 étoiles

Otto est un peu perdu. Ada, son épouse est morte depuis 3 mois. Sans enfants, sans amis, sans famille, ils avaient pourtant une vie animée, entre les expériences culinaires d'Ada (gratin à la soupe de coton…), les passionnantes émissions de télé sur les animaux, sa vie sociale bien remplie et leurs interminables discussions.
Il faut dire que dans le quartier où ils habitent, vivent ou travaillent "rien que des hurluberlus déjantés" comme les appelle Otto.
Que ce soit, Nico préparateur en pharmacie, spécialiste des effets indésirables des médicaments ; Anibal le facteur chantant qui crée du lien entre les gens en ne distribuant pas le courrier correctement ; Iolanda, voisine septuagénaire sourde et bouddhiste ; monsieur Taniguchi, "dernier survivant du célèbre bataillon des Nippons fous" qui a continué à combattre trente ans après la fin de la guerre ou même les chiens infernaux de Teresa.
Ce à quoi il faut ajouter les cauchemars d'Otto après l’absorption de l'irremplaçable tisane de laitue, inventée par Ada pour l'aider à vaincre ses insomnies. Mais était-ce vraiment un breuvage soporifique ou hallucinogène ?
"Ses dernières heures auraient un arrière-goût de laitue, exactement comme ses ses nuits d'insomnie ou quand ses copains s'endormaient."

Une galerie de personnages drôles et fantasques qui fait sourire mais dont la description des faits, gestes et histoires traîne malheureusement un peu trop à mon goût.
L'histoire aurait gagné en intérêt, à mon avis, si des indices plus clairs avaient laissé prévoir "l'incident du facteur" ; la paranoïa croissante d'Otto trouvera sa réponse dans les dernières pages que, personnellement je n'avais pas anticipées.
Une lecture agréable, plaisante, pour un petit moment sympathique.

Marvic - Normandie - 65 ans - 22 février 2016