Bébé et bien d'autres qui s'évadent de Gaëtan Leboeuf

Bébé et bien d'autres qui s'évadent de Gaëtan Leboeuf

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 9 octobre 2015 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 6 étoiles
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Régner sur un restaurant

Qui trop embrasse, mal étreint. Gaétan Lebœuf s’est donné corps et âme à l’écriture de cette œuvre, sans se méfier malheureusement de son imagination débordante. Il en est résulté un cocktail à saveur indéfinissable. Quand même, cet embrouillamini laisse deviner le désir de l’auteur d’écrire un conte merveilleux pour enseigner aux adultes l’art de naviguer sur un océan trompeur sans sombrer dans l’abîme de la folie.

L'héroïne Alice règne sur un restaurant végétarien dont les sujets sont des employés venus de tous les horizons. Ensemble, ils tentent de mettre la pendule de leur vie à l’heure juste. Malmenés par un parcours douloureux, les personnages gardent l’espoir d'aborder au port du bonheur. Parallèlement à leur travail, ils tentent de s'adonner à des projets salvateurs comme le retour aux études ou, encore, l’écriture. L’auteur leur prête sa plume pour décrire, à tour de rôle, l'abysse qui les a stigmatisés. L’exil, la prison, la mort et la séparation composent le menu des deuils qu’ils doivent affronter pour envisager l’avenir avec plus de sérénité.

Alice, caissière, puis finalement cuisinière, est enceinte d’un mari qui s’est enfui. Sacrée reine par ses trois collègues de travail, elle leur distribue des postes ministériels qui répondent à leur fonction dans l’établissement. Cette approche ludique sert à développer la thématique de la convivialité pour guérir des maux de l’âme. La devise des mousquetaires leur conviendrait parfaitement : tous pour un, un pour tous. Comme les trois mousquetaires étaient quatre, l’auteur a introduit le fœtus que porte son héroïne. À l’instar de la littérature fantastique, il mène une vie sociale intra-utérine active en réagissant aux comportements des sujets du royaume. Son préféré est le plongeur, un Bangladais qui écrit des contes pour sa mère, mais qui le renseigne surtout sur son père. Ce dernier tient un site WEB dans lequel il débat des sujets de l’heure, en plus de retracer le passé d’Alice pour lui exprimer son amour malgré son départ.

Cette œuvre sur la résilience est en fait une histoire d’amour qui ne veut pas mourir. Le bonheur se cache dans les relations avec autrui. Comme l’enfant du Tambour de Günter Grass qui refuse de grandir dans notre monde d’adultes, le fœtus reste prisonnier du corps d’Alice qui le porte pendant presque trois ans. Gaétan Lebœuf a livré une belle histoire, très humaine, pour nous inviter à partager avant de chercher à comprendre l’humanité, tellement complexe d’ailleurs qu’il est impossible d’y parvenir. La thèse est bien défendue, mais les sous thèses ne l’appuient pas toujours. Les recettes et les problèmes de l’actualité ralentissent le déroulement de l’intrigue, soutenue presque uniquement d’éléments psychologiques.

En somme, ça manque d’homogénéité. La forme s’éparpille dans tous les genres : contes, expressions d’opinion, dialogues nombreux apparentés aux scénarii de films. Sans compter que l’écriture manque de souplesse, tout embourbée qu’elle est dans ses subordonnées. Ces bémols atténuent considérablement la magie de ce conte urbain, mais il reste que l’auteur manifeste un don pour l’émerveillement et une imagination qui sait conférer à l’humour un accent original.

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