Croyance
de Jean-Claude Carrière

critiqué par Falgo, le 2 octobre 2015
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Immense sujet
La question de la croyance occupe sans doute l'esprit humain depuis des milliers d'années et Jean-Claude Carrière, après d'innombrables auteurs, s'est lancé avec courage et détermination dans son exploration. Il place au début (p.9) de son livre la définition du terme donnée par Alain: "le mot commun qui désigne toute certitude sans preuve". Et il ouvre le débat en affirmant (p.7): "la croyance, aujourd'hui, l'emporte sur la connaissance".
Athée, tout à fait conscient du courant de la pensée moderne qui privilégie la complexité et la fragilité de la connaissance, il s'étonne (p.12) des certitudes sous-tendant les religions: "L'a priori indiscutable de la révélation divine...paralyse tout mouvement de la pensée". Il creuse ensuite cette perspective en décrivant les fondements de la croyance religieuse et son corollaire l'intolérance: révélation divine, vérité, garantie de son existence pour un homme, etc. Il s'étonne fortement des conséquences visibles, depuis des temps historiques lointains, de la ferveur religieuse: haine des non-croyants, utilisation de la violence à leur égard, "le fol enthousiasme de les tuer" (p.152) et, à l'opposé, la glorification des martyrs de leur foi (p.115: "Vieille question: qu'est-ce que prouve le sang?").
Il approfondit ainsi de page en page les innombrables aspects de la croyance religieuse, s'intéresse en premier lieu au dogme catholique, mais aussi au bouddhisme et aux religions hindouistes. Puis il applique ses réflexions aux idéologies (fascisme, communisme) qui lui paraissent, en particulier par le rôle joué par "le chef", relever de la même infantilisation de la pensée.
Comme fin, provisoire pour lui, il se demande comment et pourquoi les récits légendaires qui ont peuplé son enfance reviennent dans sa tête, pourtant toute tournée vers le travail de l'esprit. Il ne pose pas de conclusion définitive, laissant ouvert l'éternel débat dans lequel tout un chacun baigne aujourd'hui, pour peu qu'il ait en lui un minimum de lucidité.
Le mérite de ce livre, après tant d'autres, est d'alimenter et de faire vivre cette discussion toujours renouvelée. J'aurais, cependant, souhaité l'emploi d'un style plus grave et une organisation du discours plus rigoureuse (il y a de nombreuses redites) pour traiter d'un sujet aussi majeur. La lecture donne l'impression à la fois d'une urgence d'écriture et d'un fond de réflexions de longue date qui ne font pas très bon ménage ensemble.
immense déception 2 étoiles

Que dire ....?
Jean-Claude Carrière passe sur Inter et fait la promotion de son livre au sujet ô combien passionnant. Une fois chez mon libraire, j'achète les yeux fermés cet ouvrage qui sera pour moi l'occasion d'obtenir la vision éclairée d'un homme éclairé et d'obtenir un condensé sur le sujet.
Mais comme l'a souligné Falgo à la fin de sa critique davantage de rigueur dans l'écriture. L'ouvrage est trop partisan. JC Carrière passe son temps à enfoncer des portes ouvertes, et cherche à convaincre un public averti avec des arguments éculés.
Je m'attendais à une analyse historique et politique des croyances religieuses, de leurs jeux d'influence sur la société d'aujourd'hui, qu'ils soient affichés ou insidieux (retour en force du catholicisme en Europe, de l’orthodoxie en Russie, le lien entre gouvernance et religion, lien entre sionisme et christianisme, conflit d'intérêt aux USA entre créationnisme et darwinisme ...). Or l'ouvrage reste brouillon, et ne m'a pas apporté la finesse d'analyse que j'attendais d'un auteur se posant comme expert sur ces questions.

Lejak - Metz - 49 ans - 28 décembre 2016