L'imposteur
de Javier Cercas

critiqué par Agnesfl, le 25 septembre 2015
(Paris - 59 ans)


La note:  étoiles
Une enquête bien menée
Xavier Cercas né à Caceres évoque ici l'histoire d'Enric Marco selon lui le plus grand imposteur de tous les temps. Et qu'il qualifie de " Picasso de l'imposture".
Enric Marco dont l'affaire a éclaté en Espagne en mai 2005, s'est fait passer pour un résistant anti-fasciste. Il a prétendu avoir été interné dans le camp de concentration de Flossenbürg en Bavière.
" Il a raconté la fausse histoire de sa déportation une infinité de fois dans une infinité de variantes, et avec une infinité d'anecdotes, de détails et de nuances" indique l'auteur.
Xavier Cercas narre ici les raisons qui ont poussé cet homme à agir ainsi : volonté d'être admiré par tout le monde, désir de tenir le rôle principal, et de cacher la misère et la médiocrité fondamentale de sa vie. De nombreux exemples de la façon dont a opéré Marco pour incruster le mensonge dans son aventure personnelle sont cités. Pour cet écrivain, il n'est pas aussi condamnable que d'autres : " C'est un menteur qui disait la vérité. Son minuscule mensonge a servi à diffuser la gigantesque vérité sur les crimes nazis". Il avoue même avoir éprouvé de l'affection pour cet homme. Parfois jusqu'à une certaine admiration qu'il ne pouvait s'expliquer...
Ecrire ce livre lui faisait peur, mais il s'est finalement décidé à enquêter sur ce personnage devenu président de l'Amicale de Mauthausen (regroupement de quelques survivants des camps nazis, et des familles de déportés de ces camps), qui a réussi à duper tout le monde. Plusieurs questions le hantaient : Pourquoi cet homme a-t-il menti sur les faits les plus atroces de l'humanité, et comment cela s'est-il révélé possible? Pourquoi tout le monde l'a cru, et pourquoi cette affaire le troublait-elle?
L'auteur parle de ses diverses interrogations, et appelle le lecteur à se questionner en sa compagnie. Le style est clair, limpide, le sujet plutôt captivant. Doit-on prendre le parti d' Enric Marco ou au contraire le blâmer? Ce livre alimente les débats, et pose la question du mensonge et de son utilité au sein de la société..
Agnès Figueras-Lenattier
Laborieux... 4 étoiles

Une fois que l'on a pris connaissance du sujet, on peut s'arrêter, le livre n'apportera pas grand'chose. Il est de plus assez mal écrit. Chaque épisode est répété trois fois (au moins !): ce qu'en disent les témoins, ce que prétend l'intéressé, ce qu'en conclut l'auteur. Le lecteur finit par se lasser, d'autant qu'il n'a pas nécessairement suivi l'évènement qui eut, dit-on, un grand retentissement en Espagne. C'est mon cas. Que Enric Marco repose en paix !

Tanneguy - Paris - 84 ans - 25 novembre 2015