Marco Pantani a débranché la prise
de Jacques Josse

critiqué par Saule, le 5 octobre 2015
(Bruxelles - 58 ans)


La note:  étoiles
Le pirate
Je me souviens avoir eu des frissons, devant ma télé, en voyant le diable de Marco Pantani se mettre en danseuse, dans les plus fort pourcentages d'une étape de montagne, les mains sur le bas du guidon (son style si particulier) et placer une accélération qui le propulsait hors de portée des ses rivaux.

Celui qu'on appelait le pirate avant de le surnommer "Il elephantino" est certainement le coureur qui aura le plus frappé l'imaginaire des amoureux de la petite reine.

Ce court livre se lit d'une traite tellement on aime se remémorer (ou découvrir, même ceux qui ne connaissent pas spécialement Pantani devraient apprécier) la courte et intense carrière du prodigieux grimpeur qu'il était. Le texte est épuré, le style sobre et assez factuel, en forme d'hommage au coureur et à l'homme "au regard toujours triste et mélancolique". Un homme très attachant. Le livre contient 98 chapitres d'une ou deux pages chacun, pour couvrir la carrière du "pirate" dans ce qu'elle a eu de sublime et de sordide, une carrière qui s'est soldée par un "meurtre" médiatique, des sombres histoires de dopage, et l'abandon par la presse et les organisateurs de celui qu'ils avaient encensé comme un Dieu.


C'est dans l'étape qui se termine en haut de l'Alpe d'Huez qu'il déclenche la bagarre. Sitôt les cols de la Madeleine et de la Croix de Fer franchis, il attaque sèchement dès le début de l'ascension. On dirait qu'il sprinte dans les pourcentages les plus sévères. Personne ne peut le suivre, d'autant qu'il accélère de plus en plus, debout sur les pédales, secouant sa machine avec force. Il creuse un écart impressionnant. Il reprend un à un tous les échappés. Il fend la foule qui ne se retire qu'au dernier moment et avale les vingt-et-un virages de cette montagne mythique, où tout les grands champions se sont un jour illustrés, en un temps record pour franchir la ligne en vainqueur.