Trilogie de L'emprise, II : Quinquennat
de Marc Dugain

critiqué par Veneziano, le 21 septembre 2015
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Coups bas et calculs en politique
Le président sortant, Launay, pense à sa réélection, alors que l'un de ses ministres, Lubiak, du même parti, bien placé, se positionne. La trame du roman consiste ainsi en la stratégie de Launay pour être reconduit en passant pour l'homme providentiel. Un référendum sur la réforme des institutions, les liens avec les groupes industriels et l'appui de la CIA, rien que cela, entrent en ligne de mire. Tout ce beau mélange vient compenser une femme dépressive qui risque de tout balancer à n'importe qui, notamment sur sa responsabilité dans le suicide de leur fille.
Les mécanismes institutionnels et de sociologie politique sont bien dépeints. La place des différents partis, notamment du FN, et le déplacement de votes, par un certain désenchantement des électeurs, du fait d'un éloignement des élites politiques, que conforte ce genre de coups à trois bandes, sont assez bien montrés.
Après, la narration reste un peu chargée en effets de stratégie, coups de communication, lourdes analyses psychologiques en vue de déstabiliser l'adversaire ; mais il y a bien de tout cela dans la réalité.
Ce roman paraît donc assez intéressant, en sus d'être bien écrit. Il est donc à conseiller.
Désolant 1 étoiles

J'avais déjà émis de fortes réserves sur "L'emprise", l'opus précédent de la trilogie. Et là, je m'énerve. Si la politique est une succession de coups tordus menés par des esprits pervers manipulés par les services de renseignement, alors ce livre a du sens. Si la politique est autre chose, alors il trace une très mauvaise piste. Comme je suis d'accord avec la deuxième hypothèse, je trouve ce livre désolant. Dugain a fait preuve par le passé d'infiniment plus de subtilité et d'intelligence des personnages et des situations. Qu'a-t-il pensé faire avec ce ramassis d'exactions? Chaque histoire, dans un cadre large, pourrait être intéressante, mais cette accumulation dans celui-ci lasse par elle-même, créant chez le lecteur une sorte de malaise et, surtout, d'ennui. Certes, on trouve ici ou là des réminiscences de l'actualité politique de ces dernières années. Elles sont loin de constituer le coeur du livre ou une source de réflexion et, sont souvent l'occasion de clichés tels qu'on peut les trouver dans les médias quotidiens. Et ce ne sont pas la qualité du style ni la bonne organisation de l'ouvrage qui sauvent ce naufrage.

Falgo - Lentilly - 84 ans - 20 décembre 2017


Le cerveau reptilien des politiques 7 étoiles

Ce second volet de la trilogie voit Launay enfin accéder à la fonction suprême. Fidèle à sa promesse il nomme Lubiak ministre des finances. Ce sera d'ailleurs le seul engagement qu'il tiendra puisque l'un et l'autre n'auront de cesse de vouloir se nuire.
Deux philosophies vont s'affronter, celle du bien de la nation et celle de l'intérêt personnel. Les deux philosophies étant portées par deux animaux politiques à sang froid dont les motivations intimes nuancent cet apparent manichéisme.
L'intrigue se densifie avec l'arrivée sur la scène d'un journaliste d'investigation et des Emiratis, les changements d'allégeance et les velléités d'émancipation.
Un livre sur la politique politicienne mais pas que, un livre sur un milieu de requins mais pas que. Quelques discrètes pistes d'espoir se dessinent, à voir si elles se confirment dans le dernier tome.

Elko - Niort - 47 ans - 1 septembre 2016