Une ardeur guerrière
de Antonio Muñoz Molina

critiqué par Jules, le 7 février 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Une dure étape !
L'Espagne en 1979. Franco est mort depuis quatre ans.
Le Roi Juan Carlos et la démocratie règnent en Espagne, mais cela ne veut pas dire que l'on y est serein.
À chaque attentat des Basques, la société civile craint une révolte des militaires. Celle-ci finira par arriver d'ailleurs, mais ce sera en février 1981.
Pour le moment, notre héros est malheureusement arrivé à l’âge du service militaire et il en est particulièrement effrayé. Jusque là, ce service lui semblait une chose bien lointaine à laquelle il ne pensait que de temps à autre quand un de ses oncles quittait la maison pour plusieurs mois. Quand il revenait, il semblait autre, plus dur, plus homme, plus adulte.
Ce qui n’arrange pas son cas, c'est qu’il est envoyé à San Sébastian, en plein pays Basque, où il risque en plus de servir de cible aux indépendantistes !…
Le service commence toujours par un voyage en train vers une caserne, accompagné d'autres nouvelles recrues aussi paumées les unes que les autres. L'un fait le fier, l’ autre montre sa peur. À peine arrivé, ce sont les hurlements des petits gradés, caporaux chefs ou sergents instructeurs. Les premières vexations en provenance d’abrutis complexés. Puis l’accueil des anciens, rarement tendre. Notre héros écrit : « On m'avait dépouillé de mon nom, de mes vêtements, de mon visage habituel, et tous les matins, au moment d'entreprendre la traversée sordide et disciplinaire des heures de la journée, quand je me regardais dans le miroir des toilettes, je devais m’accoutumer au regard et aux traits d'un autre, une recrue apeurée qui avait déjà du mal à se reconnaître dans la mémoire de sa vie passée. »
Ils seront bien longs ces quatorze mois et nous verrons aussi à quel point l'armée était encore imprégnée du franquisme.