Les danse des morts
de Pierre Ferrero

critiqué par Blue Boy, le 13 septembre 2015
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Une danse plus joyeuse que macabre
Le seigneur nécromancien vient de remporter une énième bataille contre les vivants. Cette fois-ci, il est bien décidé à les anéantir. Le seigneur de Castelcrabe devra trouver rapidement la stratégie adéquate pour protéger sa cité, et pour qu’au final, la vie l’emporte contre la mort.

S’inspirant de gravures d’Hans Holbein du XVIe siècle, Pierre Ferrero revisite de façon très décomplexée le mythe médiéval de la Danse macabre. Par un graphisme assez surprenant aux couleurs vives qui contredisent l’idée de noirceur liée à la mort, l’auteur associe l’absence de perspectives caractérisant les gravures du Moyen-âge à l’esthétique simpliste des jeux vidéo des années 90. Cela donne un style très personnel et poétique, plus adapté au domaine de l’illustration qu’à la BD, car il faudra peut-être un certain temps d’adaptation pour rentrer dans l’histoire, mais celle-ci est suffisamment simple pour permettre une lecture de bout en bout. En ce qui concerne les dialogues, Pierre Ferrero joue à fond le décalage en recourant à un argot de « téci » un brin appuyé, assorti d’un lettrage en mode « graph » sur certains mots au détriment de la fluidité.

Cet étrange mix intergenres est susceptible de désorienter le grand public mais ravira les amateurs d’ouvrages expérimentaux. Même si on peut déplorer que le fond perde en visibilité au profit de la forme pour le moins pittoresque, avec ses gimmicks potache-fumette à la limite de la caricature. Ce parti-pris hyper régressif, presque enfantin, tend à submerger le sérieux du propos (« nous sommes tous condamnés à perdre la bataille face à la mort, alors autant profiter de la vie »), mais après tout, on peut aussi l’interpréter comme une manière punk roborative de dédramatiser nos dérisoires et tragiques destins.