La tendresse des pierres
de Marion Fayolle

critiqué par Fanou03, le 2 septembre 2015
(* - 48 ans)


La note:  étoiles
Le principe de l'érosion
On reconnaît parfois le talent d'un auteur à la façon qu'il a de traiter un sujet difficile et peu affriolant. A ce titre, Marion Fayolle, avec La tendresse des pierres, passe l'épreuve haut-la-main en narrant, sur un registre tragi-comique plein de justesse et de sensibilité, l'agonie d'un père atteint par un cancer ainsi que la façon dont ses proches se mobilisent face à la maladie.

D'emblée le ton du texte est décalé, surréaliste, mais extrêmement profond, et l'émotion affleure constamment. Marion Fayolle utilise constamment l'art de la métaphore, à la fois dans la narration de la protagoniste principale et dans le dessin, tout en ligne clair, épuré. Ce procédé lui permet d'imager magnifiquement la déliquescence corporelle de ce père, de montrer comment les relations entre le malade et les membres de la famille s'organisent, de peindre aussi les tensions, toujours sur un mode étonnant, drôle mais touchant.

Le texte est tellement fort qu'il se suffirait à lui-même. Je me suis d'ailleurs surpris ainsi parfois à ne même pas regarder les illustrations, qui dans leur sobriété accompagnent pourtant le récit à la perfection. Sur un thème grave, Marion Fayolle réussit donc là un très beau roman graphique, qui est pour moi une véritable découverte.