Pierre Michon, fictions & enquêtes
de Collectif

critiqué par Radetsky, le 22 août 2015
( - 81 ans)


La note:  étoiles
Mélanges Pierre Michon
Il est difficile d’envisager la critique… d’une critique, ou plutôt d’un ensemble de contributions à l’analyse de l’univers aussi bien littéraire que contingent d’un écrivain. Raison entre autres pour laquelle je choisis de comparer cet ouvrage aux « mélanges » offerts par ses collaborateurs et/ou élèves en hommage à un universitaire sur le point de quitter l’Alma Mater.
Pierre Michon, quant à lui, ne risque pas de se, ni de nous priver de cette « université » qu’est la vie, sa vie, puisqu’il a su donner à la littérature française de ce temps une touche non seulement inimitable, mais essentielle car atteignant à l’universel.

Un Avant-propos d’Agnès Castiglione précise les circonstances ayant présidé à la naissance de cet ouvrage (l’Université d’Aquitaine en étant le principal support, qui a organisé un colloque consacré à Pierre Michon en mars 2014).
- En « Ouverture un fragment inédit de Pierre Michon : « Ebauche pour un David », sorte de variation à partir d’un matériau dont la substance évoque particulièrement Les Onze.
- Suit un Hommage à Pierre Michon de Jean-Claude Milner, où ce dernier filant la métaphore depuis Sainte-Beuve, puis Proust, à propos du « style », aboutit à cette « belle langue » de Pierre Michon

Les contributions vont ensuite composer quatre ensembles : Tableaux – Détails – Sons – Livres
Le premier essentiellement consacré aux Onze dans les trois premières analyses, la dernière portant sur »une esthétique de la démesure ».

Le second à quelques thèmes développés par notre auteur (Michon forestier, le Clergé de Pierre Michon,…) et les parentés qu’ils suggèrent.

Le troisième, tout aussi imprégné de visions que de sonorités d’ailleurs, mais avec Michon il faut s’attendre à tout.

Quant à la quatrième partie, on en relèvera l’espèce de règlement de compte que nos critiques attribuent à Michon, à l’égard de Flaubert, tout au long de son œuvre. Il ne m’appartient pas, très modeste lecteur, d’apporter un jugement.
Y sont analysées pareillement la conception de la littérature et la fonction de l’écrivain chez Pierre Michon, enfin un bel hommage de Pierre Senges (« Quelques instants de force et de sérénité immense »)

J’en suis à la relecture de cet ouvrage, vite débordant de chemins croisés, de pistes inattendues, de perspectives oubliées ou négligées, nécessitant d’avoir à portée de main l’œuvre de Pierre Michon (on s’y replonge d’ailleurs avec d’autant plus d’intérêt).
Il m’aurait fallu citer tous les extraits et références innombrables aux œuvres de Pierre Michon dans l’ensemble de ces textes, véritable vade-mecum post (ou pré-) lecture, par lesquels j’ai pu constater qu’on ne connait jamais assez profondément un auteur ; disons mieux, un auteur qui vaille la peine qu’on lui rende l’élémentaire justice de connaître sa propre peine d’être généreux et si humain.
Une copieuse bibliographie de 27 pages clôt l’ouvrage