Le chat du kimono
de Nancy Peña

critiqué par Blue Boy, le 16 août 2015
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Chat noir chat blanc
Un conte étrange où les motifs animaliers des kimonos prennent vie, répondant aux humeurs de ceux portent l’habit de soie. Les chats noirs du kimono d’une jeune et jolie japonaise, confectionné par le tisseur secrètement épris de celle-ci, en deviennent inquiétants et semblent même attirer la malédiction sur cette dernière. Jusqu’à ce jour où l’un des chats s’échappe du vêtement pour disparaître mystérieusement…

De façon originale, « Le Chat du kimono » commence comme un conte à la japonaise (avec toute la délicatesse et la cruauté que cela implique), illustrations et textes côte à côte, pour adopter ensuite les codes de la bande dessinée, puis revenir à deux reprises et dans les dernières pages vers la voie narrative du début. Le récit est véritablement envoûtant, on se laisse allègrement entraîner dans cette histoire quasi diabolique de kimonos dont les motifs se mettent à vivre leur propre vie, parfois au détriment de leurs propriétaires ou des connaissances de ces derniers. Mais le fait est que le récit en question manque de structure, s’offrant une tournure très poétique qui ne manque pas de charme et d’humour (avec des digressions et autres clins d’œil sur le Yin et le Yang, Sherlock Holmes, Alice au Pays des merveilles, Toulouse-Lautrec et Pierre Bonnard…), mais au risque de provoquer le désintérêt au fil des pages. Aucune image forte ne se détache réellement de ce conte étrange qui tend quelque peu à s’éparpiller. Même les personnages restent superficiels, mais cela est moins gênant dans le cadre du genre.

Heureusement il y a le dessin qui est admirable, tout en élégance, en particulier dans les illustrations pleine page des passages « contés ». Nancy Peña y déploie toute la finesse de son trait mouvant et sensuel, parfaitement adapté au style des estampes japonaises. La dessinatrice joue beaucoup avec le contraste du noir et blanc, si bien qu’une mise en couleurs paraît impensable pour un tel ouvrage.

Au final, si cette bande dessinée reste anecdotique et peine à convaincre totalement, on ne reste pas insensible au charme du dessin et de la narration. Pour se faire une idée plus précise, on ne manquera pas de découvrir le reste de l’œuvre de la dessinatrice et illustratrice toulousaine, qui a déjà une bonne dizaine de publications à son actif.