Like a steak machine
de Fabcaro

critiqué par Blue Boy, le 16 août 2015
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
On connaît la chanson...
« Il est des chansons qui appellent instantanément une scène précise, une période, une image… ». C’est ainsi que Fabcaro, bédéaste et trentenaire régressif lors de la publication de cet album en 2009, a eu l’idée rigolote d’illustrer plusieurs morceaux qui ont marqué son enfance et son adolescence dans les années 80-90. De Hervé Christiani à Noir Désir en passant par Lenny Kravitz ou Quarterflash, groupe oublié d’un seul tube, Fabcaro énumère avec humour quelques tranches de vie musicales, en s’excusant par avance « auprès des fins amateurs » pour les choses les moins glorieuses comme la B.O. de la Boum…

Chacun pourra se retrouver dans ces petites madeleines de Proust aux parfums hétéroclites, rock alternatif, brit-pop, chanson française « engagée », pop « eau précieuse » du Top 50, variétoche sirupeuse… Fabcaro, on l’aime bien, avec sa manière de ne pas se prendre au sérieux, c’est un peu un pote, tout ce qu’il raconte ici, on l’a plus ou moins vécu... De son trait un peu crade mais plaisant et très expressif, il sait immanquablement surprendre et provoquer le fou-rire avec ces petites saynètes musicales d’une page, alliant avec brio créativité et humour potache pour trentenaires - et désormais quadras – régressifs, voire plus si affinités…

« Like a steak machine » contient ses petites perles mémorables. Par exemple, l’évocation des soirées entre potes où à un moment il fallait que quelqu’un se mette à entonner « Dirty Old Town », finissant par provoquer chez Fabcaro le dégoût pour cette « chanson magnifique ». Ou encore, la compétition au lycée pour faire partie de l’élite des connaisseurs, avec une véritable hiérarchie entre notamment ceux qui étaient « branchés » (des groupes obscurs mais encensés par la critique musicale confidentielle), les intellos (fans de Hubert-Felix Thiéfaine aux lyrics non moins obscurs), les médiocres (fans de Pink Floyd) et les ringards (ceux pour qui la musique se définissait en fonction des tubes de l’été), le péché ultime étant d’apprécier les artistes à succès.

Ça se mange sans faim, sans pain, éventuellement à l’heure de l’apéro ça ne prend pas la tête, d’ailleurs ça se lit presque trop vite. Mais ça confirme que Fabcaro est un des meilleurs de sa génération dans son domaine, aux côtés de Boulet qui pratique le même type d’humour avec un dessin assez similaire.