Rose de Paris
de Gilles Schlesser (Scénario), Éric Puech (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 21 juillet 2015
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Dans le Paris des Années folles
Paris, 1925. Rose arrive de sa Bretagne natale pour y devenir demoiselle du téléphone. En pleine effervescence des années folles, elle se laisse entraîner dans les nuits parisiennes par sa collègue Sidonie, ce qui lui donnera l’occasion de rencontrer quelques écrivains. Mais l’homme dont elle tombe amoureuse est un jeune voyou prénommé Victor, qui représente l’envers moins reluisant du décor, loin des soirées où les fêtards bohèmes s’étourdissent dans le champagne et la coke. Un autre monde où prévalent les bas-fonds et les conditions de travail abrutissantes, là où travaille Rose.

S’appuyant sur un scénario assez peu marquant, « Rose de Paris » vaut davantage pour la restitution de l’ambiance des années folles, ainsi que de l’architecture et des paysages parisiens de cette période. A ce titre, le travail de documentation contextuelle est très poussé, et les références historiques et culturelles abondent (l’ouvrage met en scène les surréalistes, Hemingway, Joséphine Baker…). Côté dessin, il me semble que la couleur aurait été plus adaptée pour faire ressortir l’extravagance de ces années. Le talent d’Eric Puech est indéniable, mais même si le trait est fouillé dans la représentation des immeubles ou des voitures, la finition des visages laisse un peu à désirer, et j’ai eu parfois du mal à différencier certains personnages.

La narration est plutôt fluide malgré des textes assez denses et peu de temps morts dans l’enchaînement des séquences, ce que d’aucuns pourront trouver dommageable. Mais qu’il s’agisse d’un parti pris ou d’un choix inconscient, Gilles Schlesser parvient ainsi à traduire le tourbillon de folie qui s’était emparé de ces années 20, après une période douloureuse et mortifère marquée par la grande boucherie de 14-18. Alliant peinture socio- culturelle de la vie parisienne et polar fidèle aux codes du genre, ce récit ne manque pas de charme et plaira sans nul doute aux amoureux de Paname.