Los boys
de Junot Díaz

critiqué par Septularisen, le 21 juillet 2015
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
ROMAN? RECUEIL DE NOUVELLES? NI L'UN, NI L'AUTRE!
Los boys se présente comme une série de vignettes, de plans séquences, de photographies instantanées sur la vie quotidienne des Dominicains (et plus particulièrement d’un quartier pauvre de Saint-Domingue), dans leur île. Plusieurs petites histoires, racontées par "petites touches" indépendantes composent ce livre.
Toutes ont comme fil rouge le personnage de Yunior, que l’on retrouve ici, de près ou de loin (soit comme héros, soit comme narrateur…), dans chacun de ces 10 récits. En fait ces récits ont été publiés par l’auteur, de manière distincte, dans divers journaux et magazines américains (dont notamment le « New Yorker »), et regroupés dans ce recueil et alternent donc les récits qui se passent donc sur l’île Dominicaine et à New York.

On retrouve donc ici le personnage de Yunior dans une sorte de « préquel » avant ses « années américaines » qui nous sont racontées dans « Le guide du loser amoureux » (déjà critiqué sur CL). Le personnage n’est encore ici qu’un jeune garçon, mais ne varie pas ici d’un iota par rapport à l’adulte qu’il va devenir, avec déjà avec son côté hâbleur affable et macho invétéré…
Il est toujours aux prises avec les mêmes démons, la vente de drogue, les filles, l’alcool, la fumette, les mêmes personnages, sa mère belle mais très autoritaire, son frère aîné gentil mais trop omniprésent, son père absent car parti chercher fortune des années auparavant aux USA, son grand-père gentil mais amoureux de sa tranquillité…

Le récit se déroule donc sur plusieurs années avant et après le départ de Yunior pour les Etats-Unis où toute sa famille est partie rejoindre son père déjà installé aux USA. Il vivote comme il peut, entre moments de solitude et virées en voiture avec les copains, entre petits larcins et grosses beuveries, entre petits boulots et dèche totale, entre la semaine et les week-end, entre les filles et « la » fille !... Rien de bien exceptionnel donc, juste la vie quotidienne d’un immigré déraciné…

Mais le plus beau dans ce livre est sans doute le style de l’écriture utilisée pas Junot DIAZ. C’est un style d’écriture populaire, dans le sens « comme on parle ».
C’est un ton « brisé », mais juste, pour ancrer le récit dans la réalité quotidienne de ce peuple qui est désespérée. C’est truculent, vif, emporté, énergique, rythmé, mais certainement beaucoup plus réfléchi, élaboré et complexe qu’il n’y paraît au premier abord.
C’est un mélange d’anglais, d’espagnol et d’argot dominicain (le recours au glossaire à la fin du livre s’avère d’ailleurs indispensable pour comprendre certains mots) qui vous arrache parfois un rire, souvent un sourire !
C’est direct, très cru, parfois très vulgaire, mais cela sonne très « vrai » très « profond » (ce n’est pas sans rappeler l’écriture du Cubain Pedro-Juan GUTTIEREZ), notamment dans les descriptions dramatiques de la misère des habitants de la Dominique qui frisent la perfection.

A lire, à découvrir, d’urgence!...