San Antonio chez les gones
de San-Antonio

critiqué par Pierrot, le 20 juillet 2015
(Villeurbanne - 72 ans)


La note:  étoiles
C’est pas seulement à Paris que le crime fleurit, nous à Lyon aussi l’on a de beaux
Même si béru ne se taille pas la part du Lyon, il en tire pas moins son épingle du jeu, dans ce bon San Antonio chez les Gones. La preuve :
Accoudé au zinc, il palabre vilain, le Gravos. Il explique à un auditoire ses méthodes pédagogiques. D’après ce que je comprends, la taulière lui a demandé pourquoi son petit garçon n’avait plus de devoirs ni leçons et Sa Délicatesse s’en donne à cœur joyce.
- J’applique le méthode bulgare, affirme t’il. Faut que l’élève laisse se refroidir son bouilleur quand y rentre à la casba . Autrement il risque le pire. Tenez, j’ai z’eu dans ma classe un enfant prodigue qui a fini par se faire une hernie au cerveau, je ne sais pas si vous l’a dit, mais les plus traîtres, vu qu’on ne peut pas porter de bandage à c’tendroit…
L’auditoire approuve gravement. Le Gros vide son pot de Beaujolais et enchaîne :
-Plus on apprend plus on en sait, et je vais bien vous étonner, mais c’est les ceuss qui se ménagent les méninges qu’on trouve z’aux leviers de commande…
La bistrote, une grosse rougeaude avec des yeux comme de la gelée de groseille et une paire de joues passées au minimum, demande ;
-M’sieur l’instituteur, puisque je vous tiens, est-ce qu’on doit dire des chacals ou des chacaux ?
Le Gros hausse les épaules.
C’est marrant, le nombre de personnes qui me posent la colle, fait-il avec noblesse de manière qui en dit long comme le lit du Général sur son savoir.
Puis, levant l’index sentencieux ;
-On dit toujours un chacal ! Affirme –t il.
-Mais quand y’en a plusieurs ? Insiste la bistrote assoiffée de science.
-Justement ! C’est là que vous l’avez dans le pétrousquin, madame Lenfoiret, jubile l’instituteur (sorti en droite ligne d’Anormale), y a jamais deux chacals à la fois. De ce fait, le pluriel, on en a rien à foutre, comprenez-vous ? Le chacal est un oiseau qui vit seul, voilà la verdure !
On rit certes, mais on disserte aussi, sur l’appellation que donne les Lyonnais aux ordures ménagères.
La classe quoi !