Qui a tendu un piège dans la pinède par une journée fleurie de printemps ?
de Hee-Kyung Eun

critiqué par SpaceCadet, le 4 juillet 2015
(Ici ou Là - - ans)


La note:  étoiles
On ne choisit pas sa famille
"La vie se répète. On ne peut pas se dégager du piège, et même quand on grandit, les événements se répètent. A chaque fois on réagit comme on a appris à le faire dans l'enfance, et le résultat est toujours le même".

En effet, la vie se répète pour Eun Hee-kyung: après une enfance bercée par les contes puis des études en littérature, cette lectrice avide et écrivaine en herbe publie son premier récit fictif en 1995. Comptant aujourd'hui plus d'une dizaine de publications à son actif, elle s'est fait connaître par des romans et nouvelles traitant des relations humaines qu'elle aborde sous un angle réaliste et sans concession.

Ce recueil rassemble trois des nouvelles extraites d'un ouvrage publié en 2002 sous le titre 상속 (Sangsok), qui signifie 'héritage'. Elles explorent le thème de la transmission dans le cadre de la famille.

Dans, 'Il ne neige plus au pays natal', un récit à deux voix, on observe l'évolution du jeune Jun-yeong , qui, laissé à lui-même suite à un changement dans la situation familiale, découvre au sein de son nouvel environnement, un univers fort différent de celui qu'il a connu avant.

'Qui a tendu un piège dans la pinède par une journée fleurie de printemps', dresse le portrait d'une petite fille modèle qui, valorisée pour ses performances, grandit dans l'obsession de la perfection pour devenir une femme... modèle.

'L'héritage' raconte les dernières années d'existence d'un homme d'affaire atteint d'un cancer qui, toute sa vie durant fut si absorbé par son travail et ses activités, qu'il finit par devenir un étranger aux yeux des membres de sa famille.

Au-delà du contexte où ils se déroulent, ces récits abordent des sujets d'intérêt universel. Leur intrigue, plutôt simple, constitue essentiellement un motif pour explorer, avec une précision remarquable, la psychologie des divers acteurs en scène.

La narration, qu'elle soit à la première ou la troisième personne, est plutôt maîtrisée et les personnages, adultes, enfants, hommes et femmes sont tous assez bien constitués. La prose, composée de phrases courtes, se veut sans doute dépouillée mais s'avère, dans sa version traduite en français, de qualité inégale. Ajoutons que la présence de quelques expressions à consonance française paraissent ici hors contexte.

Si les textes sont judicieusement complémentés d'annotations explicitant termes et autres détails de nature linguistique ou culturelle, outre une brève introduction (non signée), cette édition demeure toutefois aussi silencieuse au sujet de la traduction qu'elle ne l'est sur la nature de la contribution de monsieur Bellemin-Noël.

Enfin, exhibant une certaine recherche stylistique, un sens de l'observation ainsi qu'une analyse des rapports humains prometteurs, ces nouvelles, simples dans leur conception, témoignent du travail d'un auteur en cours de maturation.