Heureux les heureux
de Yasmina Reza

critiqué par Minoritaire, le 23 juin 2015
(Schaerbeek - 63 ans)


La note:  étoiles
vacuité kaléidoscopique
« Heureux les heureux » est un roman-kaléidoscope. On y croise des personnages qui s’y croisent, de près ou de loin, d’un chapitre à l’autre ou dans les mêmes pages. C’est a priori un mode écriture qui me plait.
L’auteure croque ainsi les relations —maritales, amoureuses (?), amicales, filiales,…— que les « héros » entretiennent entre eux. Chaque chapitre est écrit à la première personne ; un « je »  qui trace son propre portrait ou celui d’un autre, mais ça revient au même. Car qu’ils trompent leurs maris ou leurs femmes, ils trompent leur ennui; qu’ils s’inquiètent pour leurs enfants, c’est avec plus d’auto-apitoiement que de tendresse. C'est toujours eux-mêmes qu'il regardent à travers l'autre.
En relisant, j’ai songé aux BD de Régis Franc (Le Café de la Plage, Le marchand d’opium,…). Mais chez Régis Franc, il y a un humour qui est ici peu présent. Sauf dans l'épisode avec Céline Dion, et ça ne suffit pas à sauver l’ensemble. Est-ce pour autant mal écrit ? Non, au contraire, c’est plutôt d’une écriture agréable, fluide. Mais je me sens peu concerné par toutes ces vies qui se déroulent dans l’univers d’une bourgeoisie mélancolique, et qui semblent bien vaines.
Peut-être au final est-ce cette vacuité qui est l'objet principal du livre ? Peut-être.