Grand-père
de Marina Picasso

critiqué par Veneziano, le 16 juin 2015
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Un génie tyrannique
La petite-fille de Pablo Picasso, le pape du cubisme, démonte le mythe, en révélant la gave noire, même féroce de l'artiste. Sa vie est totalement égocentrée, doit être au calme, refuse de voir ses enfants et petits-enfants qui le troublent. Il dicte ses pulsions à sa famille et à ses employés, que chacun doit assouvir. Jacqueline, sa dernière épouse, sert de glacial rempart, qui l'isole encore plus.
Le père de la narratrice en est meurtri, son frère et elle encore plus. Ils arrivent à tomber dans la misère, tant il refuse tout subside, et il est dur de faire valoir qu'on est dans le besoin, en provenant de cette famille.
Les difficultés psychologiques s’amoncellent dans la famille de l'auteure, la disparition du peintre engendre une série de morts violentes, tant il a tout détruit autour de lui. La succession et le partage de la collection inénarrable d'oeuvres qu'il a pu laisser entretient le malaise. Marina Picasso se redresse doucement et ponctue son récit par une lueur d'espoir, une note positive, où elle dresse le bilan de son épanouissement, aussi tardif que réel.

Ce livre, comme vous pouvez le sentir, s'avère bien rude à lire. Il faut toujours séparer la personnalité privée de l'artiste. Si je n'adore pas le cubisme, Picasso reste une référence de l'art du XXème siècle. Ce portrait ici dressé s'avère bien plus noir que celui vaguement connu de l'homme à femmes vaguement bestial. C'est un animal, dans le pire sens du terme, sans émotion, en-dehors de ses propres désirs instinctifs.
Cela permet de faire la part des choses, de dresser un portrait psychologique pour le moins déconcertant. Après, il est sûr que tout n'était peut-être pas à dévoiler, un assez grand nombre de passages s'avèrent assez crus, fort glauques. Mais cela vaut globalement la peine d'être lu.