La fille derrière le rideau de douche
de Robert Graysmith

critiqué par Deinos, le 28 mai 2015
( - 61 ans)


La note:  étoiles
Psychose, Marli et le reste...
Alfred Hitchcock disait "Il me faut une femme dont c'est le métier d'être nue sur un plateau pour que je n'aie pas à me soucier de la couvrir" pour cette scène de la douche, ce moment phare du cinéma... Ainsi vint Marli en doublure corps de Janet Leigh... ce qui restera un moment un secret...

Marli, femme au virage des années 60, modèle de charme, aquarelliste, bunny au Playboy Club, danseuse au El Rancho Vegas, amatrice de pêche, de randonnées et de naturisme... Marli à ce moment des années 60 où en Amérique se télescopent un mouvement de "libération" et un puritanisme profondément ancré... Marli qui obsède Robert Graysmith, l'auteur de Zodiac.... Au travers d'elle il nous décrit cette Amérique en mutation... avec en parallèle Sonny Busch, serial killer de vieilles femmes, variation de Norman Bates...

Et apparaissent au fil des pages Hugh Hefner, Coppola, Rush Meyer et maintes autres personnalités de cette époque...

Le livre est à la fois une biographie de Marli Renfro, biographie centrée sur les années 60, pour évoquer ce basculement lors de cette période où cette nation puritaine découvrait au grand jour le sexe et la nudité féminine, l'évocation d'un serial killer, être frustré comme une sorte de résultante de ce puritanisme, mais aussi une évocation du cinéma et de ce film qu'est Psychose...

Si dans la première moitié, sûrement la plus captivante, l'auteur se penche sur le tournage de Psychose, sur l'attente que sut créer Hitchcock, par la suite, via Marli Renfro, il évoque aussi bien la genèse du "nudie cutie", la mort du vieux Vegas, l'univers naissant de Playboy... et là, l'auteur se perd un peu, le récit perd en densité... et les séances photos, les péripéties du tournage de Tonight for sure se révèlent un peu plus fades... à moins de partager l'espèce de fascination qu'a l'auteur pour Marli... on regrettera aussi des répétitions tant sur le physique que sur le naturel de Marli... parfois j'ai eu l'impression de relire des phrases vues antérieurement...

Néanmoins, dans les dernières pages, il y a quelque chose de hitchcockien.

Le livre fermé, je ne peux m'empêcher de considérer que cette révolution portée aux nues se résume parfois, dans le livre, à une perception uniquement plastique de la femme... que l'auteur oublie l'aspect femme-objet que véhicule certains des éléments qu'il évoque... même si certaines petites remarques traduisent bien ce voyeurisme masculin et cette chosification de la femme sous couvert de libération sexuelle... n'est-ce pas M. Hefner ?