Demain Aussi, le Soleil Brillera...
de Rebecca Edimo Di Giu

critiqué par Matteo, le 5 mai 2015
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Demain aussi, le soleil brillera…, de Rébécca Edimo Di Giusto
Demain aussi, le soleil brillera…, nous invite à une évasion au Kenya et au Costa-Rica où l’écrivaine Rebecca Edimo avait choisi d’y mener une vie paisible libérée de la brutalité du monde moderne. Bien que faisant référence à de nombreux écrivains-voyageurs, elle ne se compare en rien à une aventurière. Au contraire, c’est le quotidien ordinaire d’une femme en proie au choc des cultures, que ce livre nous invite à partager.
En préambule, l’auteure nous invite à une réflexion sur la qualité de la vie qui selon elle est menacée par les aléas du monde du travail. Doit-on attendre que sonne l’heure de la retraite pour vraiment vivre heureux, nous interroge Rebecca Edimo pour qui la recherche du bonheur est liée à une vie riche en découvertes et rencontres.
Nous voilà donc parti pour le Kenya où l’écrivaine, en quête de nouvelles amitiés et son mari Patrick, par amour pour la faune animalière, s’installent à Nakuru. Dans un contexte politique assez tendu, le lecteur se laisse entrainer dans les différentes péripéties du couple qui va être confronté aux problèmes de l’insécurité et de la corruption.
Ce récit emprunt de fraîcheur et de spontanéité nous permet de faire amplement connaissance avec la population citadine africaine au moyen d’anecdotes succulentes et parfois humoristiques. Voisins, employés, petits arnaqueurs et guides touristiques vont se partager le récit avec différents visiteurs, expatriés ou vacanciers, avec qui l’écrivaine et son mari vont créer des liens profonds. S’il est vrai que la population locale est très bien décrite à travers les péripéties dans lesquelles ils sont acteurs, les occidentaux, quant à eux, défilent sans parvenir à ce que le lecteur parvienne réellement à les identifier, ce qui tend à confondre le lecteur. Une description morale, psychologique et physionomique de ces derniers dans le style romanesque sans trahir pour autant l’aspect autobiographique du récit, aurait permis de pénétrer plus intimement dans cette société cosmopolite que, par altruisme, Rebecca Edimo avait construite. On se saurait également attendu à des descriptions plus détaillées de la ville de Nakuru et de ses habitants, des coutumes et de l’ambiance citadine, ce qui ne manquerait pas de dépayser le lecteur et de l’entrainer dans un voyage littéraire envoûtant.
Rébecca Edimo abandonne temporairement ce tourbillon d’aventures pour donner vie à une réflexion approfondie sur le bonheur, les excès de la société occidentale et les problèmes raciaux. Il ne s’agit pas là d’un débat intellectuel à caractère idéologique ou philosophique mais le ressenti d’une femme camerounaise mariée à un français, qui cherche sa place entre deux cultures qui la tiraillent. On n’est pas obligé d’être d’accord, mais on doit reconnaitre que la manière avec laquelle elle aborde la question de l’identité indépendamment de la couleur de la peau, est d’une grande modernité.
La dernière partie consacrée au Costa-Rica nous séduit par un style littéraire riche en couleurs et émotions. On n’échappe pas à quelques mésaventures que l’écrivaine nous décrit avec un langage simple que l’ajout de mots espagnols colore d’une touche exotique. Mais gare aux hispanophones avertis car ces mots sont truffés d’erreurs !
J’ai aimé ce livre qui oppose la rudesse de l’Afrique à la douceur de l’Amérique du Sud et nous transporte dans l’univers paisible de l’écrivaine où le bonheur réside dans les choses les plus simples de la vie.
Dans quelles autres contrées Rébecca Edimo nous entrainera-t-elle pour des aventures passionnantes ? Pour être moderne, pourquoi pas en Syrie ou en Afghanistan ? Emotions et infortunes assurées !

Matthieu Souquet-Basiège