Les lance-flammes de Rachel Kushner

Les lance-flammes de Rachel Kushner
(The flamethrowers)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Anonyme12, le 1 mai 2015 (Inscrite le 27 février 2010, 14 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 855ème position).
Visites : 3 027 

Rachel Kushner allume le feu !

Un livre précurseur, non conventionnel, féministe, politique. Il y a de la force et une liberté extraordinaire et un début très original: le chapitre s'ouvre sur un artiste d'avant-garde, engagé dans les rangs de l'armée italienne, entrain de tuer un Allemand à coup de phare de moto...Il retrace, non sans humour, l'itinéraire social et artistique d'une jeune femme des années 70 qui part pour New York après être tombée amoureuse d'un fils de magnat italien, la famille Valera.

C'est l'occasion en effet de judicieux flash-backs d'après -guerre relatant l'exploitation par les riches des plantations de caoutchouc et de la politique fasciste que choisira la famille Valera... Des années plus tard, on retrouve son entreprise assiégée par des travailleurs italiens exploités (grèves, manifs, enlèvement) , et l' affrontement, les services d'ordre , les anarchistes...

Au fur et à mesure de sa progression dans la ville, LA figure "mythique" est un peu perdue, et, au milieu du livre, on voit cette jeune artiste d'une vingtaine d'année travailler tour à tour dans un magasin de films, puis suivre des manifestants dans les rues.

Reno n'est pas une activiste politique, elle ne revendique rien au sens slogan ou manif, elle est juste une femme dans cet univers dominé par les hommes , ce qui peut toutefois constituer en soi une revendication ...

Beaucoup de personnages peuplent ce roman, "Il y a d' l'amour", de la violence , du sexe, des amants donc des liens , les hommes sont par ailleurs faits du même moule, mais c'est le parallèle fait entre deux femmes, Reno et Giddle, qui n'a pas réellement réussi à s'intégrer dans la société , qui me semble la plus pertinente pour suivre Reno.

Car j'ai un petit regret, et un petit handicap: c'est que je ne sais pas comment Reno a pu se révéler, alors, j'attendais, j'attendais, si bien que j''ai zappé certains chapitres , comme les conversations rasoirs des artistes de Soho. Il y a en effet quelques longueurs dans ce livre après un départ tonitruant.

En s'inspirant du destin croisé de deux pays, a priori différents, l' Amérique post-industrielle et l Italie des années de Plomb, de l'anarchie et de la répression violente, Rachel Kushner a mis en place de façon talentueuse un univers singulier dont j'ai aimé l'esprit et la radicalité .
En ce sens, le moteur de cette histoire mouvementée sont les femmes et leur courage pour exister dans leur corps et leur vie de femme.

Avec cette superbe couverture, ce roman, à la veine Joan Didion , reflète aussi une ambiance, une contre-culture ,et nous trace là un portrait touchant de femme qui tente de se construire, dans une ville qui n'est pas la sienne. Baîllonnée, l'artiste du "land art" , n'est pas moins éprise de liberté ,de courses à moto et ainsi battre tous les records de vitesse, mais ...la suite dans un prochain livre ?
Lance Flammes ou ... comment écrire un roman initiatique hors-normes !


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Les éditions

  • Les lance-flammes [Texte imprimé], roman Rachel Kushner traduit de l'anglais (États-Unis) par Françoise Smith
    de Kushner, Rachel Smith, Françoise (Traducteur)
    Stock / La Cosmopolite (Paris)
    ISBN : 9782234079144 ; 23,00 € ; 14/01/2015 ; 387 p. ; Format Kindle
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La quête d’une jeune motocycliste

7 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 6 novembre 2018

Cet ouvrage d’une grande densité aborde des thèmes assez profonds tel que le féminisme, les classes sociales, l’art contemporain, la liberté et certaines formes de misères humaines. Le récit tourne autour de Reno, une très jeune femme qui se cherche un destin dans les milieux de l’art contemporain newyorkais des années 70. Elle fait la rencontre de Sandro, fils prodigue d’une grande famille d’industriel italien, et l’accompagnera lors d’un voyage plus ou moins forcé dans la péninsule transalpine.

On fait référence à des moments historiques du 20ème siècle sans qu’aucun des personnages, firmes ou artistes n’ait jamais existé.

Le style transpire l’américanisme d’ouverture et est construit pour un lecteur courageux et persévérant cependant l’auteur dévie régulièrement de sa trajectoire narrative par des flashback impromptus, des anecdotes peu en phase avec le fil du récit, voire abuse de longueurs qui peuvent lasser.

J’ai tenu bon et lu le roman en entier sans sauter une seule page car malgré cette apparente dispersion, j’avais l’impression qu’on pouvait à tout moment tomber sur une perle, et j’en ai trouvé. C’est certainement le passage « italien » qui m’a plu, là où la confrontation entre les personnages de milieux et aux intérêts différents est la plus explicite.

Rachel Kuscher est sans conteste un écrivain de haut niveau mais il faut la revoir dans un roman plus structuré pour se faire davantage plaisir et espérer qu’elle peut dépasser ce modèle intellectualisant.

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