Les avatars du Poona Party
de Yves Vaillancourt

critiqué par Libris québécis, le 7 avril 2015
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
L'Ashram de Poona
Pascal Bruckner avec Parias et Yvon Rivard avec Les Silences du corbeau ont écrit chacun un roman pour démontrer les aventures insensées des Occidentaux attirés par les maîtres spirituels de l’Inde. Contrairement à ses collègues romanciers, Yves Vaillancourt y a vu l’occasion d’une expérience enrichissante afin de cheminer vers la lumière. Il a rassemblé tous ses personnages dans l’ashram de Poona que préside le grand gourou Rajnesh. Grâce à ce guide, ils aspirent à atteindre leur équilibre en joignant la science à la spiritualité.

L’héroïne Andrée Ricard, née dans un camp nazi, s’est retrouvée à Montréal vers 1970 avant de partir pour l’Inde avec son copain Idhant, un étudiant en physique. Son séjour à Poona a été déterminant pour la suite des choses. Elle a été totalement subjuguée par le courant spirituel prévalant dans l’ashram de cette ville. Elle s’est intégrée de gaieté de cœur au groupe en se livrant aux exercices prescrits et en développant un nouveau rapport avec son corps. Contrairement au christianisme qui met en veilleuse le désir charnel, le bouddhisme et l’hindouisme le considèrent comme un élément important de la vie. Il y a une conciliation à faire entre spiritualité et sexualité à l’instar du tantrisme. Au lieu de les repousser, il faut compter sur cette double énergie pour atteindre le nirvana. L’ouverture spirituelle est tributaire de l’ouverture sexuelle qui a conduit à la maternité de l’héroïne. En fait, ce livre est le récit d’une mère qui raconte son cheminement à sa fille devenue adepte du couch surfing aux Etats-Unis.

De retour au Québec, elle s’établit avec Idhant à Sainte-Lucie-des-Laurentides. C’est là que l’on retrouve tous les personnages, des avatars façonnés par leur chef spirituel, afin d’échanger sur une manière de concevoir une existence heureuse basée sur les couleurs génitrices de bonheur.

Ce roman initiatique en deux volets est en fait la chronique du passage de l’héroïne en terre indienne et la présentation d’un viatique susceptible de guérir les maux de l’âme par une pharmacopée chromatique. Œuvre dédiée aux nostalgiques de la popularité des gourous, qui laissera les amateurs de littérature sur leur faim. L’art romanesque est plutôt mal servi par ce roman, dont l’écriture ne parvient pas à rehausser la sauce. Dommage !