L'homme dévasté: Essai sur la déconstruction de la culture
de Jean-François Mattéi

critiqué par Colen8, le 4 avril 2015
( - 82 ans)


La note:  étoiles
« Illusion passagère »
Selon l’auteur, décédé avant la parution de cet essai, la philosophie de la déconstruction largement développée dans les années 60’s et 70’ est la négation de tout ce qui a fondé la culture et la civilisation occidentale depuis la Grèce antique et Platon. Tentant d’effacer ce à quoi l’homme s’était identifié, elle revient à « une décapitation de la pensée ». Le nihilisme de Nietzsche anticipe notre 20ème siècle plus dévastateur qu’aucun autre.
La déconstruction s’est exprimée à propos de tout ou presque, de religion, d’art, de science, de langage. Elle a rejoint les mouvements se revendiquant de la décadence qui ont fleuri depuis les Lumières et qui sont analysés ici avec clarté et sobriété. La création artistique se dissout dans le rien, la poésie s’est voulue réduite à des mots, des lettres, des onomatopées sans signification. Un même acharnement s’en est pris à la littérature, au cinéma, à l’architecture. Au nom de la modernité la musique est devenue sérielle, atonale quitte à perdre ses auditeurs. Le monde réel disparait sous l’avalanche incessante des images virtuelles qui transforment le monde en spectacle.
La déconstruction a parrainé en quelque sorte les tenants de cette écologie radicale ouverte au transhumanisme qui veut dissoudre les fondements de l’humanisme et transformer l’homme pour en faire un cyborg. Ne nous y laissons pas prendre conclut Jean-François Mattéi, tout ceci n’est qu’une « illusion passagère vouée à disparaitre ».