Le lendemain d'hier
de Nazand Begikhani

critiqué par Nathafi, le 7 avril 2015
(SAINT-SOUPLET - 57 ans)


La note:  étoiles
"Une Chanson pour mon Peuple"
Nazand Begikhani, exilée Kurde vivant en Angleterre et en France, raconte dans ce recueil sa douleur, son pays, son peuple. Ces poèmes sont autant de cris, d'actes de révolte, de souffrances. Tout la ramène à ses souvenirs, à la mort de ses frères, à la fuite, à son exil.

Comment, ainsi, pouvoir tourner la page et penser au "lendemain d'hier" ? Comment effacer tant de cruauté, le génocide Kurde, ces images horribles ? Les mots ne suffisent pas, pourtant libérateurs de cet esprit qui veut témoigner, alimenter le souvenir. Mais la reconstruction est difficile, des signes se révèlent chez Nazand, son amour, son enfant, les nouvelles terres que ses pieds foulent, qui devraient pouvoir l'aider dans son cheminement vers demain. De l'imaginer se boucher les oreilles à l'écho des feux d'artifice du 14 juillet, la sentir réentendre des bruits similaires quand elle était là-bas, avec les siens, sous les bombes, m'a profondément émue.

Oui, elle est rescapée, oui, elle devrait regarder devant elle, penser à son petit, redécouvrir les choses simples de la vie - la marguerite qu'elle aimait tant cueillir enfant - se laisser bercer par ce qui pourrait apaiser son coeur et son âme.

Cette âme torturée et ce coeur blessé n'en ont pas fini avec ce douloureux passé, hélas, c'est ce qu'elle veut dire, à nous, lecteurs, afin que nous puissions la comprendre, et pour que l'histoire de son peuple, pour lequel elle écrit sans relâche, ne sombre pas dans l'oubli.