Tomber du ciel
de Caroline Montpetit

critiqué par Libris québécis, le 23 mars 2015
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
C'est la rose l'important
Nana Mouskouri a chanté : « Quelle importance le temps qu'il nous reste, nous aurons la chance de vieillir ensemble ? » C’était en 1972. Aujourd’hui elle chanterait : « Profitons du temps qui passe, nous n’aurons pas la chance de vieillir ensemble. » Les statistiques le confirment. Chaque jour éloigne du berceau et rapproche du tombeau. Même que certains vivent à tombeau ouvert. La vie n’est qu’un début. La mort en assure une autre, éternelle celle-là et ornée de roses affirment les croyants.

Mais ici-bas, les jardins fleuris ne courent pas le long des artères de la vie puisque « les dieux sont tombés sur la tête », selon le titre d’un film. Le traumatisme a causé à l’humanité des séquelles permanentes : les couples se séparent, la vieillesse emprisonne la mémoire… Il faut dire adieu à ceux que l’on a aimés et à ce que l’on a aimé. Le paradis n’offre pas de forfaits pour deux. En attendant le repos éternel, les hospices s’emploient à l’offrir à fort prix. Vite le requiem, annonce le titre de la dernière nouvelle.

Ce recueil est le fruit d’une auteure qui n’est pas née de la dernière pluie. La quarantaine lui assure le recul nécesssaire pour distinguer derrière les illusions une humanité fragilisée dans un univers insensible aux malheurs d’autrui. Mais entre les tenants et les aboutissants de cette sacrée vie, comment assurer « une paix d’usage » pour en absorber les soubresauts?

C’est avec une plume studieuse que Caroline Montpetit enrobe cette philosophie existentielle, peu propice à la tranquillité d’esprit. Oeuvre dense, qui montre que si « c'est la rose l'important », faudrait-il au moins qu'elle existe.