Et dans l'éternité je ne m'ennuierai pas
de Paul Veyne

critiqué par Colen8, le 14 mars 2015
( - 82 ans)

La note: étoiles

Champion d’érudition

C’est une évocation de souvenirs écrits avec simplicité, avec talent, qui se révèlent touchants par leur sincérité. Un enfant du midi porte un regard scrutateur autour de lui. Peu de choses sont dignes d’intérêt, en déduit-il, hormis la recherche d’une certaine connaissance. Sa vocation pour l’antiquité romaine se déclenche avec la trouvaille d’un tesson d’amphore. Une déformation du visage, loin de le complexer face au regard d’autrui le rend indépendant sans excès. Paradoxalement tout original qu’il soit, il aurait tendance à se laisser porter volontiers par les événements extérieurs.
Bon élève, il intègre Normale Sup’, suit les cours de Louis Althusser et de Michel Foucault, puis sans grande conviction prend la carte du parti communiste au sortir de la guerre. Réformé du service militaire, vivant de loin la guerre d’Algérie, lui et sa compagne se sentent tenus de soutenir clandestinement le FLN. Sa rupture avec le communisme intervient en 1956 après l’invasion de la Hongrie et la répression brutale des chars soviétiques. Suit un séjour de deux ans à l’Ecole de Rome pour enrichir ses connaissances avant d’entrer dans l’enseignement supérieur.
De retour à Aix-en-Provence il y passera plusieurs décennies, heureux de cette vie de chercheur et d’enseignant. Il publie des articles et des notes dans les revues savantes qui l’y font remarquer par Raymond Aron, à l’instigation duquel il sera élu à la chaire d’histoire romaine au Collège de France.
Sa seule ambition, approfondir un savoir déjà très pointu, l’ont rendu étranger à toute idée de carrière. De grandes amitiés l’ont accompagné, Michel Foucault certes, mais surtout René Char immense poète dont il avait goûté la poésie tout enfant et quelques autres. L’octogénaire qu’il est maintenant poursuit une vie de travail qui lui a permis de dépasser de lourds chagrins, le suicide de son fils, la disparition douloureuse d’une épouse très aimée. Il a été récompensé par le prix Femina 2014.

De lourds souvenirs
Paul Veyne éminent spécialiste de l'antiquité nous narre ses souvenirs. Une enfance heureuse malgré une maladie invalidante (une Leontasis oses) qui lui déforme à vie le visage. Des études et des stages universitaires passionnants. Une carrière exemplaire. Ce qui touchera aussi ce seront l'évocation de sa passion pour la montagne et le dernier chapitre où il nous révèle pudiquement les souffrances de sa vie privée. Le livre est très bien écrit : clairement et joliment. J'ai passé un moment intelligent et sensible avec un homme à la fois excentrique et sensible. Fredericpaul - Chereng - 62 ans - 7 janvier 2017

Témoignage
Paul Veyne nous offre un bel aperçu d’une vie tout entière vouée au savoir. Ce personnage anticonformiste et d’une culture impressionnante se raconte avec beaucoup d’élégance. Il nous parle de ses passions, de son travail, de ses nombreux amis mais aussi des regrets et des drames personnels qui ont émaillé sa vie. Un regard lucide et une traversée du XXème siècle qui se lit avec plaisir et gourmandise. Ce témoignage honnête m’a beaucoup plu et même parfois touché. Merci M. Veyne. Kabuto - Craponne - 63 ans - 18 juillet 2015