En quête de l'Orient perdu
de Olivier Roy, Jean-Louis Schlegel

critiqué par Colen8, le 10 mars 2015
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Hors des sentiers battus, fi des idées reçues
Inconscient ou indépendant, ou les deux à la fois, juste reçu à l’écrit de Normale Sup’, sans attendre les résultats ni passer l’oral, désireux d’aller à la rencontre d’autres cultures, il part en auto-stop vers son rêve, l’Asie, s’arrêtant cette première fois en Afghanistan. Jeune protestant provincial admis comme interne en hypokhâgne à Louis-le-Grand, embrigadé par l’extrême gauche de la fin des années 60’ qui domine la sphère intellectuelle des normaliens il préfère dévier d’une voie tracée à l’avance.
Devenu agrégé de philosophie, enseignant à Dreux, poursuivant ses vagabondages d’été dans ces mêmes contrées qui le fascinent, il s’y immerge de plus en plus au fil des ans jusqu’à en maîtriser les langues, les postures, les codes et savoir s’y fondre. Dix ans plus tard, c’est un nouveau tournant. Pris selon les cas comme chercheur, conseiller, expert, traducteur, universitaire, il se rend indispensable à la diplomatie informelle des puissances, jusqu’à collaborer aux « services » concernés par le devenir de cette zone. Il assiste en partie à l’invasion soviétique, selon lui vouée à l’échec, voit la montée de l’islamisme et du djihad sans partager la vision occidentale qui en est faite.
Ce sont des décennies d’une vie d’aventures et de dangers mais aussi parfois de situations cocasses qui sont ainsi retracées. Olivier Roy se veut humaniste, exprime un besoin d’authenticité, d’engagement personnel sans arrière-pensée de carrière ni d’avancement. Il apprend sans cesse, s’implique dans ses rencontres, cherche à décrypter sans projection, puis met progressivement de la distance à ses observations avant d’en transmettre le fruit. On a envie d’en savoir plus sur ses réflexions en se plongeant dans son œuvre, une vingtaine d’ouvrages à ce jour.