Esseulement suivi de mortellement
de Vassili Rozanov

critiqué par Dirlandaise, le 28 février 2015
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Une âme tourmentée
Ce livre est un recueil de pensées et de courts récits autobiographiques de l’écrivain et polémiste russe Vassili Rozanov. Peu sympathique au départ, j’ai terminé ce recueil malgré le profond pessimisme et la tendance à l’auto apitoiement qui se dégagent de ces courts écrits rédigés pour la plupart en 1912 alors que la deuxième femme de l’écrivain était atteinte d’une maladie grave. Je ne connais pas encore très bien l’homme derrière la plume. Sa pensée me semble presque entièrement tournée vers lui-même ce qui me plaît moyennement. Pourtant, malgré mon manque d’enthousiasme et de passion, je suis curieuse de mieux approfondir l’œuvre issue de cette âme tourmentée et souffrante.

Plusieurs courts textes attaquent et raillent des critiques et écrivains contemporains. Ce ne sont pas ceux que je préfère. Il faut se référer constamment aux notes en fin de volume afin de bien situer le contexte dans lequel ils ont été rédigés. Mais là où mon attention se porte, ce sont les pensées et réflexions sur la souffrance de vivre, la solitude effroyable malgré une femme aimante et de beaux enfants, la crainte de la mort issue inéluctable à toute vie terrestre, le mal de vivre. Là réside tout l’intérêt du volume.

Les principaux thèmes abordés sont bien entendu la mort, la religion et la famille.

Beau mais parfois d’une infinie tristesse. À ne pas lire lorsque le moral est au plus bas.

« L’église est l’unique chose poétique, l’unique chose profonde sur terre. Mon Dieu, combien ai-je été fou d’avoir tout fait pendant onze ans pour la détruire. Heureusement que je n’y ai pas réussi. Que serait devenue la terre sans église ? Elle aurait brusquement perdu le sens et se serait refroidie. Le cirque Ciniselli, le Petit Théâtre, le Théâtre d’Art, la « Parole », les meetings, les orateurs, « cette actrice est ravissante », un tel est mort, un tel est né, et tous « nous buvons du thé » : et j’ai pu croire que cela était « suffisant ». Je l’ai pensé non pas directement, mais indirectement. »